Accueil » La neutralité en danger : il est temps de réagir (Carte blanche)

La neutralité en danger : il est temps de réagir (Carte blanche)

par Contribution Externe

Je vis en Belgique depuis plus de 25 ans. J’y ai vu évoluer la société, les mentalités, les quartiers. Et ce que je constate aujourd’hui me préoccupe profondément : une forme d’imposition de la religion dans l’espace public, acceptée par peur de “stigmatiser”, est en train de transformer le paysage urbain, culturel et social de notre pays.

Jamais je n’ai vu autant de jeunes filles voilées dès l’enfance. Jamais je n’ai croisé autant de femmes en niqab ou en burqa dans les rues bruxelloises. Ce n’est pas un choix individuel ou spirituel dans la majorité des cas, c’est le résultat d’une pression communautaire, religieuse et patriarcale qui impose aux femmes de se cacher, de se soumettre, de se faire discrètes. On appelle ça « pudeur », mais c’est avant tout du contrôle du corps féminin.

Ce qui s’est passé au Lycée Emile Max à Schaerbeek est révélateur : deux élèves ont refusé de se soumettre au règlement de l’école en portant le voile lors de la cérémonie de remise des diplômes. Pourtant, ce règlement a été voté démocratiquement par le conseil communal, interdit tout signe convictionnel pendant les temps scolaires, y compris lors des événements officiels comme une proclamation. L’école n’a fait qu’appliquer la règle, rien de plus.

Ces jeunes filles avaient respecté cette règle toute l’année, sans voile dans les couloirs. Pourquoi ce geste soudain, ce coup d’éclat ? Il ne s’agit pas de liberté, mais d’un acte délibéré de provocation, encouragé ensuite par un emballement médiatique et une récupération politique bien rodée. Car oui, la gauche communautariste saute sur chaque occasion pour attaquer la neutralité au nom d’un “vivre-ensemble” à géométrie variable.

Il suffit de regarder qui signe les tribunes de soutien : majoritairement des hommes issus de la communauté musulmane, les mêmes qui, récemment, ont contourné le règlement du Parlement bruxellois pour faire lire une sourate par un imam en plein hémicycle. Voilà où nous en sommes : la remise en cause décomplexée des fondements mêmes de la neutralité de l’État.

Ce n’est pas à l’école de reculer face à ce type de pression. Ce n’est pas à l’institution de s’adapter à des revendications communautaires. Ce sont les élèves tous, sans distinction qui doivent respecter les règles du cadre scolaire. Sinon, il n’y a plus d’école. Il n’y a plus de neutralité.

Porter un voile dans un cadre scolaire neutre n’est pas un simple choix personnel. C’est afficher un marqueur religieux dans un lieu où l’on devrait justement apprendre à vivre ensemble sans pression communautaire. L’école doit rester un espace de neutralité, de savoir, d’émancipation. Pas un terrain de revendications identitaires.

Et que dire du silence coupable de certains, quand ailleurs dans le monde, des femmes risquent leur vie pour se libérer de ce qu’ici certains veulent imposer ? En Iran, en Afghanistan, des femmes sont emprisonnées, torturées, tuées pour avoir refusé de porter le voile. Elles se battent, la tête haute, contre la même idéologie patriarcale que certains veulent normaliser chez nous, sous prétexte de respect culturel. Le voile, là-bas, est le symbole d’un régime d’oppression. Et ici, il deviendrait soudain un choix « libre » à applaudir ? Quelle hypocrisie !

Et pendant ce temps, sur les réseaux, une génération d’“influenceurs” prêche cette idéologie rétrograde : il faut obéir à son mari, accepter la polygamie, se voiler pour “plaire à Dieu”, éduquer les filles dans “l’honneur”. Ce discours est repris, partagé, normalisé. Des femmes voilées le relaient, jeunes, actives, souriantes – comme pour mieux faire oublier la soumission qu’il incarne. Et les autorités ? Elles regardent ailleurs. Où sont les féministes ? Où sont les partis progressistes, si prompts à s’indigner sur tout, sauf sur cela ? Où est l’indignation, quand des jeunes femmes sont enfermées dans un système de soumission que l’on banalise ?

Et nous devons, plus que jamais, soutenir nos enseignants, nos directeurs d’école, nos institutions publiques qui font respecter les règles, parfois au prix de pressions énormes. Car ce sont eux qui tiennent la ligne, souvent seuls, face à une société et certains responsable politiques qui reculent.

La Belgique ne peut pas fermer les yeux sur une dérive que d’autres affrontent au péril de leur vie. Nous avons le devoir impératif de défendre la liberté, l’égalité et la neutralité. Sans le moindre compromis.

Mélissa A.

(Photo Belgaimage)

You may also like

21News est un média belge francophone qui promeut la liberté, l’entrepreneuriat et la pluralité d’opinions.

Sélections de la rédaction

Derniers articles

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?