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Imposer plus ceux qui contribuent déjà : une fausse solution facile (Carte blanche)

par Contribution Externe

Supprimer une taxe touchant tous les citoyens pour ensuite augmenter une taxe ne visant que les « épaules les plus larges » : la méthode, préconisée à Fleurus, soulève le débat de l’équité fiscale. Une carte blanche de Nicolas Dieudonné – Conseiller communal MR Fleur”U” et Perrine Fievet – Conseillère communale & Présidente du MR Fleur”U”.

« Construire une fiscalité locale plus juste et plus équilibrée » : voilà un objectif que personne ne conteste. C’est ce que le Collège communal de Fleurus a annoncé suite aux premières mesures de sa réforme fiscale. Dans un contexte où les finances communales sont sous pression, il est normal et même attendu que les pouvoirs publics interrogent leurs recettes et adaptent leurs leviers.

À Fleurus, le Collège affirme ainsi vouloir opérer des « glissements », non des « reculs », en réduisant les taxes linéaires pour privilégier des mécanismes plus progressifs, liés aux capacités contributives de chacun. Très bien. Mais encore faut-il que les objectifs affichés se traduisent par une méthode cohérente, lisible, assumée. Et c’est là que le bât blesse.

Les « épaules les plus larges » ont bon dos

Plutôt qu’un débat structuré et transparent sur l’ensemble des mesures fiscales envisagées, le Conseil communal découvre la réforme par fragments, Conseil après Conseil : d’abord la suppression de la taxe sur les eaux usées, qui touchait l’ensemble des citoyens pour ensuite annoncer, un mois plus tard, l’augmentation du taux communal de l’IPP, de 8 % à 8,5 %.

Oui, ce taux n’avait pas été revu depuis 1995. Oui, il reste en deçà du plafond de 8,8 %. Mais une décision aussi structurante mérite mieux qu’une présentation rapide, sans étude d’impact complète, sans simulation chiffrée des effets sur les revenus des citoyens selon leurs tranches fiscales, et sans articulation claire avec les autres volets de la réforme.

Car le véritable problème n’est pas tant l’augmentation de l’IPP en soi, que l’absence de lisibilité globale. Car aujourd’hui, nous avançons à l’aveugle. Le Collège met en avant sa volonté d’alléger les taxes dites linéaires, comme la taxe sur les eaux usées, et de ne pas toucher au précompte immobilier, inchangé depuis 25 ans. Il évoque un « glissement » vers davantage de progressivité et d’équité.

Quelle solidarité fiscale voulons-nous ?

Mais ici encore, l’intention reste théorique. Car en supprimant une taxe qui touchait tout le monde de manière identique, puis en augmentant l’IPP – payé uniquement par les citoyens imposables – c’est bel et bien un transfert qui s’opère d’une partie de la population vers une autre, ce qui donne l’impression d’une logique déséquilibrée, où ceux qui cotisent déjà davantage sont encore davantage sollicités.

Ce sentiment n’est pas populiste. Il est profondément fiscalement et socialement fondé. Une solidarité juste se construit avec transparence, pas dans la confusion. Le problème n’est donc pas l’augmentation en elle-même. Le problème, c’est la méthode.

« Si la solidarité est une nécessité, elle ne peut être confondue avec la facilité. »

En refusant de présenter une vision d’ensemble, en évitant les simulations précises, en fragmentant les décisions pour mieux les faire passer, on ne bâtit pas une fiscalité de confiance. On entretient le flou. Et ce flou, aujourd’hui, fait le lit de la défiance.

Si, à Fleurus, le Collège communal croit sincèrement à l’équilibre et à la justice de sa réforme, qu’il la présente en bloc, en chiffres, en transparence. C’est la condition minimale pour que le débat soit sincère, que l’opposition puisse jouer son rôle, et que le citoyen puisse comprendre ce qu’on lui demande de financer – et pourquoi.

Il faut le rappeler : la Belgique fait partie des pays les plus taxés au monde.

Dans ce contexte, demander encore plus au citoyen imposable devient de moins en moins compréhensible pour ses habitants. En effet, pourquoi piocher toujours plus dans cette poche-là, alors qu’on sait qu’elle est déjà largement entamée ? Il serait temps, justement, de sortir de cette logique où l’on revient systématiquement vers ceux qui travaillent et contribuent déjà largement à l’effort collectif. D’autres pistes existent, d’autres leviers peuvent être activés, d’autres formes d’efficacité peuvent être recherchées dans la gestion publique.

Construire une fiscalité locale plus juste, c’est aussi oser penser autrement que par la hausse de l’impôt sur les revenus du travail. Car si la solidarité est une nécessité, elle ne peut être confondue avec la facilité. Il est temps de chercher des solutions nouvelles et courageuses — qui ne consistent pas, une fois de plus, à prendre dans la poche des citoyens travailleurs.

Nicolas Dieudonné – Conseiller communal MR Fleur”U”

Perrine Fievet – Conseillère communale & Présidente du MR Fleur”U” (les intertitres sont de la Rédaction)

(Photo : Emma Da Silva / AFP)

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