Les autorités iraniennes ont lancé une vaste opération d’expulsion visant jusqu’à 4 millions d’Afghans en situation irrégulière. Ils étaient sommés de quitter le pays pour le 6 juillet 2025. Cette décision sans précédent, justifiée par des préoccupations de sécurité nationale, intervient dans un contexte de fortes tensions régionales, notamment après les affrontements armés entre l’Iran et Israël en juin. Selon Téhéran, certains ressortissants afghans seraient impliqués dans des activités d’espionnage, bien que peu de preuves aient été présentées publiquement.
Depuis le 1er juin, près de 600.000 Afghans ont déjà quitté l’Iran pour rejoindre leur pays d’origine, selon les Nations Unies. Ce chiffre porte à plus d’un million le total des expulsions enregistrées depuis le début de l’année 2025. Le mouvement s’effectue en majorité à travers le point de passage frontalier d’Islam Qala, dans l’ouest de l’Afghanistan, où les autorités et les ONG sont débordées. Les retours massifs ont entraîné des conditions chaotiques, avec de longues files d’attente, des températures extrêmes, et un afflux important de femmes et d’enfants, parfois non accompagnés.
Les talibans appellent l’Iran au « respect »
Sur le terrain, les conséquences humanitaires sont alarmantes. Les structures d’accueil temporaires sont saturées et les besoins en eau, nourriture, soins et abris explosent. Le HCR, la Croix-Rouge et d’autres partenaires humanitaires appellent à une mobilisation urgente, mais les financements manquent : seuls 10 % des 31,4 millions de dollars nécessaires ont été collectés. L’ONU qualifie la situation de « dramatique » et alerte sur le risque d’aggravation, alors que des millions d’autres expulsions pourraient suivre.
Face à cette crise, les talibans demandent un traitement « respectueux » des rapatriés, tout en appelant la communauté internationale à soutenir leurs efforts de réintégration. Les ONG, quant à elles, demandent à l’Iran de reconsidérer sa politique d’expulsion de masse et de respecter les principes du droit international humanitaire. Alors que les tensions régionales persistent, cette « hémorragie humaine », selon les mots des Nations Unies, pourrait rapidement déstabiliser une région déjà fragilisée.
La Rédaction
(Photo Muhammad Balabuluki/Middle East Images/ABACAPRESS.COM : une famille afghane au poste frontière d’Islam Qala, 4 juillet 2025)
