David Leisterh, président du MR bruxellois, commente l’impasse politique qui paralyse la Région bruxelloise depuis juin 2024. La tentative du facilitateur Yvan Verougstraete (Les Engagés) vient d’échouer après le refus de Frédéric De Gucht (Open VLD). Pour l’ex-formateur, poursuivre à six partis comme le propose le PS est illusoire : sans l’Open VLD, les discussions seraient bloquées par la question de la Team Ahidar, sur laquelle le MR a mis un veto.
M. Leisterh estime qu’un accord budgétaire sans gouvernement est irréaliste : seules des formations comme l’Open VLD ou la N-VA acceptent d’assumer des réformes douloureuses. Lui-même ne souhaite pas reprendre officiellement le rôle de formateur : « Il manque un Roi », affirme-t-il, plaidant pour une autorité morale capable de contraindre les partis à s’asseoir ensemble, comme c’est le cas au niveau fédéral.
Un scénario inédit
Trois scénarios sont envisageables selon lui : un ; qu’un compromis inédit finisse par émerger, ce qu’il juge improbable. Deux ; qu’un événement extérieur, comme l’avait été la crise du Covid en 2020, pousse les partis à conclure. Trois ; qu’on ouvre une piste inédite : demander au Parlement fédéral une majorité des deux tiers pour modifier la loi spéciale et convoquer de nouvelles élections régionales. Actuellement, la dissolution du Parlement bruxellois est impossible. Mais Leisterh estime qu’un retour aux urnes, après 18 mois de blocage, doit être discuté.
Cette réforme pourrait aussi être l’occasion de repenser en profondeur le système institutionnel bruxellois, qui souvent sont source de blocage, comme la majorité obligatoire dans les deux groupes linguistiques, le droit de veto de certaines formations, l’impossibilité de dissoudre l’assemblée ou encore l’absence d’un arbitre comme le Roi. Selon lui, l’épée de Damoclès d’une nouvelle élection inciterait les partis à négocier sérieusement, comme ce fut le cas au fédéral avec Vooruit.
Leisterh partage les inquiétudes de Frédéric De Gucht : sans l’Open VLD ni la N-VA, il doute de la volonté réelle de réformer Bruxelles. Pourtant, il juge que la proposition formulée cette semaine par le facilitateur n’était pas mauvaise, même si elle se faisait au détriment du MR, qui aurait dû sacrifier un poste de secrétaire d’État. Malgré ce sacrifice, De Gucht a maintenu son refus, dans la ligne politique qu’il défendait depuis longtemps.
Enfin, M. Leisterh rappelle que la responsabilité du blocage ne repose pas uniquement sur l’Open VLD : le premier frein est venu du CD&V, suivi par le PS qui a empêché fin 2023 une majorité avec la N-VA. Selon lui, Bruxelles aurait déjà pu avoir un gouvernement à Noël si ces blocages n’avaient pas eu lieu.
La rédaction, avec Maxence Dozin
(BELGA PHOTO ANTHONY DEHEZ)