Christoph D’Haese, député N-VA et bourgmestre d’Alost, a annoncé qu’il démissionnerait du conseil d’administration du Festival de Flandre à Gand si l’annulation du concert de l’Orchestre philharmonique de Munich dirigé par l’Israélien Lahav Shani n’était pas révoquée lors d’une réunion exceptionnelle prévue lundi. Il estime que cette décision, prise en raison de la nationalité du chef d’orchestre, est « incompréhensible et impardonnable », relaye Het Laatste Nieuws.
Dans un communiqué, il a pris ses distances avec la communication du président du festival, Jan Briers, qu’il accuse de ne pas refléter fidèlement les débats internes. Selon lui, le conseil n’a pas été correctement informé, notamment des échanges entre Briers, la ministre de la Culture Caroline Gennez (Vooruit) et l’orchestre allemand. « J’ai trop longtemps gardé le silence, mais je considère qu’il est de mon devoir de rétablir la vérité », affirme-t-il.
« Nous vivons dans un pays libre, cet homme n’a commis aucune faute » – Christophe d’Haese (N-VA), membre du C.A. du Festival de Flandre.
D’Haese reconnaît toutefois sa part de responsabilité : absent lors de la première réunion sur ce dossier, il n’a pas perçu la portée de la décision. Il souligne que sa collègue de parti Annemie Charlier s’y était opposée, sans être entendue. « Je n’ai pas exprimé mon point de vue assez tôt. Je me sens coresponsable d’un résultat que je ne peux cautionner. »
Il dénonce une décision fondée uniquement sur la nationalité du chef d’orchestre, qu’il qualifie de « pur racisme ». Pour lui, exclure Shani constitue une atteinte aux droits humains et risque d’entacher la réputation internationale de la Belgique. « Nous vivons dans un pays libre, cet homme n’a commis aucune faute. »
Le député appelle ses collègues administrateurs à ne pas rester « complices de cette flagrante manifestation de racisme », et vise particulièrement le président, qu’il juge « lourdement responsable ». « Si je n’obtiens pas gain de cause lundi, je quitterai le conseil. Mais je continuerai toujours à porter la liberté dans mon cœur, même si d’autres y renoncent. »
La polémique dépasse le cadre du festival. Le Premier ministre Bart De Wever (N-VA) a lui aussi condamné la décision. Selon lui, écarter un artiste en raison de son origine « ne peut être qualifié autrement que de racisme ». Le même Bart De Wever était d’ailleurs présente ce week-end à Essen (Allemagne) pour apporter son soutien au chef d’orchestre incriminé.
La rédaction
(Photo: Matthias Balk/dpa)