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Raphaël Glucksmann moque la fascination de LFI pour les régimes totalitaires

par Rédaction

Dans un long entretien accordé au Point, Raphaël Glucksmann, eurodéputé et coprésident de Place publique, trace une ligne de fracture nette à gauche : le rapport aux dictatures et à la démocratie. Selon lui, « la fracture première, de laquelle découle tout le reste, c’est le rapport à la violence et à la liberté ».

LFI et la fascination pour la Chine

Interrogé sur les déclarations de Sophia Chikirou niant que la Chine soit une dictature et sur les propos de Jean-Luc Mélenchon relativisant la menace chinoise, Glucksmann dénonce une « incapacité sidérante à distinguer démocratie et dictature ». Il reproche aux Insoumis de pratiquer une critique outrancière des démocraties occidentales tout en cultivant « une nuance obstinée » à l’égard des régimes autoritaires. À ses yeux, cela inscrit LFI dans une tradition de gauche « fascinée par les régimes totalitaires ».

Il balaie l’accusation d’« occidentalisme » : « Ce n’est pas occidentalo-centré d’affirmer qu’un pays qui parque les Ouïgours dans des camps, enferme des Tibétains, emprisonne tous les dissidents et utilise des esclaves par millions est une dictature. » Et d’ajouter : « La démocratie n’est pas un privilège occidental, comme le montre Taïwan. »

La menace systémique chinoise

Pour Glucksmann, la Chine représente une « menace systémique » pour les économies européennes. Pékin vise la domination quasi monopolistique des industries stratégiques : panneaux photovoltaïques, acier, batteries, voitures électriques. L’Europe, dit-il, a construit une « dépendance suicidaire » en livrant ses secteurs clés et en fermant les yeux sur un modèle « profondément anti-occidental ».

Il décrit la Chine comme un régime hybride qui combine « idéologie impérialiste, répression communiste et ultracapitalisme débridé », une « antithèse » des valeurs de la gauche.

Le clivage à gauche n’est pas nouveau, rappelle Glucksmann : déjà au XXe siècle, Blum affrontait Thorez, les uns défendant la démocratie et l’Europe, les autres justifiant la soumission aux tyrannies. Aujourd’hui encore, dit-il, « nul ne peut rester au milieu du gué ». Face aux dictatures, chacun doit « choisir son camp ».

L’ingérence et la bataille numérique

Le député européen cite l’exemple des élections roumaines, où TikTok aurait favorisé un candidat d’extrême droite prorusse. Il dénonce « une vaste entreprise de déstabilisation » qui menace directement les démocraties européennes. À ses yeux, il faut interdire TikTok en Europe : « Entre la tech américaine convertie au trumpisme et la plateforme du Parti communiste chinois, notre débat démocratique est structuré par des algorithmes opaques appartenant à des forces hostiles. »

Des divergences avec Emmanuel Macron

Glucksmann s’en prend aussi à Emmanuel Macron, qu’il juge « trop ambigu » face aux régimes autoritaires. Selon lui, le président a cru pouvoir amadouer Poutine et répète la même erreur avec Pékin. Sa visite en Chine en 2023 aurait envoyé « tous les mauvais signaux ». Une partie de la droite, par mercantilisme, refuse également d’assumer l’affrontement idéologique.

Glucksmann, qui préside la commission du Parlement européen sur les ingérences, assure parler au nom du réalisme : « La seule manière pour la France de renouer avec sa grandeur perdue, c’est d’être la locomotive d’une Europe souveraine et de prendre la tête du combat pour la liberté. »

La rédaction

(Photo by Alexis Jumeau/ABACAPRESS.COM)

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