Le dernier rapport de l’ONG genevoise UN Watch, intitulé Schools in the Grip of Terror (septembre 2025), jette une lumière crue sur l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). À en croire ce document de plus de 200 pages, qui fournit une multitude de preuves, l’organisation humanitaire, financée à hauteur d’un milliard de dollars par an essentiellement par des pays occidentaux dont la Belgique, a laissé des dirigeants du Hamas infiltrer, puis contrôler, son système éducatif. Un groupe Telegram rassemblant 3.000 employés de l’UNRWA ont célébré publiquement les massacres du 7 octobre. Dina Rovner, rédactrice du document : « Les écoles de l’UNRWA continueront à produire la prochaine génération de terroristes, au lieu de bâtir une culture de paix ».
Selon UN Watch, l’UNRWA « n’a pas seulement toléré l’extrémisme, elle l’a institutionnalisé, transformant les salles de classe en incubateurs de haine ». Le rapport constate, nombreux preuves photographiques et documents, que des directeurs d’école et des responsables syndicaux de l’agence sont, simultanément, des chefs du Hamas ou d’autres groupes terroristes. En recrutant et en maintenant de tels profils, l’agence onusienne a livré des milliers d’enfants palestiniens à une éducation dominée par l’endoctrinement plutôt que par les valeurs de paix et de tolérance qu’elle proclame.
Des cas emblématiques
L’enquête revient longuement sur le cas de Suhail Al-Hindi, présenté comme un « haut responsable du Hamas » et ancien président du syndicat des employés de l’UNRWA à Gaza. Suspendu en 2011 pour ses activités politiques, il fut rapidement réintégré après de massives manifestations orchestrées par le Hamas. En 2017, son élection au bureau politique du mouvement islamiste n’empêcha pas l’UNRWA de nier toute implication. « Pendant des années, Al-Hindi a paradé aux côtés de responsables du Hamas tout en restant directeur d’école sous contrat avec l’agence », souligne le rapport.
En parallèle, le document met en cause Amir Al-Mishal, son successeur à la tête du syndicat, décrit comme un « économiste du Hamas » ayant joué un rôle clé dans l’expulsion d’un haut responsable international de l’UNRWA, coupable d’avoir tenu des propos jugés trop favorables à Israël en 2021.
Le même scénario se retrouve au Liban, où Fateh Sharif, enseignant et directeur d’école, a dirigé pendant des années le syndicat des professeurs de l’UNRWA tout en étant, selon le rapport, un cadre du Hamas. L’agence aurait eu connaissance de ses activités dès 2013, mais n’aurait pris aucune mesure. Même lorsqu’il fut suspendu brièvement en 2024, les pressions exercées par des groupes terroristes et par son syndicat permirent son retour triomphal quelques mois plus tard.
Une infiltration structurelle
D’après UN Watch, ces cas ne sont pas isolés mais relèvent d’un « schéma systémique » : plus de 99 % des 30.000 employés de l’UNRWA sont des Palestiniens locaux, contre seulement 120 expatriés. Dans les faits, les décisions de terrain sont prises par ces cadres locaux, dont un nombre important appartient au Hamas ou à des formations alliées comme le Jihad islamique.
Le rapport rappelle que plusieurs auteurs d’attentats célèbres, y compris ceux du massacre des Jeux olympiques de Munich en 1972, étaient passés par les écoles de l’UNRWA. De même, Mohammed Deif, chef militaire du Hamas et cerveau des attaques du 7 octobre 2023 en Israël, a été formé dans ce système éducatif.
La neutralité contestée
Face à ces accusations, la direction internationale de l’UNRWA met régulièrement en avant l’existence de « mécanismes de neutralité parmi les plus robustes ». Mais à en croire UN Watch, cette affirmation n’est qu’une façade. « Tant que les syndicats locaux considèrent la neutralité comme une attaque contre l’identité palestinienne, aucune règle ne pourra être appliquée », estime le rapport.
Un exemple révélateur est cité : en janvier 2024, UN Watch avait déjà révélé l’existence d’un groupe Telegram rassemblant 3.000 employés de l’UNRWA qui célébraient publiquement les massacres du 7 octobre. Cette fuite avait conduit le secrétaire général de l’ONU à commander une « revue indépendante » dirigée par l’ancienne ministre française Catherine Colonna. Mais, affirme UN Watch, cette initiative ne s’est pas traduite par des mesures concrètes sur le terrain.
Un problème pour les bailleurs de fonds
Pour les auteurs du rapport, la conclusion est claire : « l’UNRWA sert de paravent à une machine de propagande et de recrutement terroriste ». Les États donateurs, en premier lieu les pays européens et les États-Unis, sont directement interpellés. Continuer à financer l’agence, préviennent-ils, revient à « cautionner une éducation de la haine et à alimenter le cycle de la violence ».
À en croire Dina Rovner, conseillère juridique d’UN Watch et rédactrice du document, « il est temps que les bailleurs conditionnent leurs aides à une réforme radicale de l’agence ». Autrement, dit-elle, « les écoles de l’UNRWA continueront à produire la prochaine génération de terroristes, au lieu de bâtir une culture de paix ».
A.G.
(Omar AL-QATTAA / AFP)