En appelant pour la première fois à “admettre que CNews est un média d’opinion et une chaîne d’extrême droite » dans une interview au Monde, la présidente de France Télévisions a provoqué une onde de choc. Ses propos, relevés et analysés par Le Figaro, marquent une rupture : jamais un dirigeant du service public n’avait employé ce vocabulaire à l’égard de la chaîne du groupe Bolloré.
Dans Le Monde, Delphine Ernotte affirme également que « la galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau du service public ».
À CNews, la réaction a été immédiate. Présentateurs vedettes et direction ont dénoncé des attaques jugées dangereuses pour leurs journalistes, évoquant même « une cible mise sur leur dos » (Pascal Praud). L’affaire intervient dans un contexte tendu, alors que le service public est accusé par certains de collusions partisanes après la polémique dite « Legrand-Cohen ».
Rassembler en interne autour d’un rempart démocratique
Pour plusieurs observateurs cités par Le Figaro, la stratégie d’Ernotte répond à un double objectif : rassembler en interne autour d’un service public présenté comme rempart démocratique et rappeler la nécessité de financements renforcés. Mais ce positionnement frontal alimente aussi la polarisation du débat médiatique, renforçant l’image d’un audiovisuel public placé à gauche face à une CNews revendiquant sa différence.
Le régulateur, l’Arcom, a été saisi et promet d’examiner l’impartialité des médias publics. Reste une question centrale : en désignant un adversaire aussi clairement, Delphine Ernotte ne risque-t-elle pas de précipiter France Télévisions dans une spirale de confrontation qui fragilise son rôle de média pour tous les Français ?
La rédaction
(Photo by Franck Castel/ABACAPRESS.COM)
