Les recommandations budgétaires du comité d’experts mandaté par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ont reçu jeudi un accueil glacial du côté des syndicats enseignants et des étudiants. Fin du régime de fin de carrière, augmentation de la charge horaire des professeurs, hausse du minerval universitaire : autant de pistes immédiatement rejetées par le terrain.
La CGSP-Enseignement estime que les enseignants travaillent déjà bien au-delà de leurs horaires officiels et qu’alourdir encore la charge ne ferait qu’aggraver la pénurie. La CSC-Enseignement menace de « monter aux barricades » si ces propositions sont mises en œuvre. Du côté étudiant, la FEF refuse catégoriquement toute hausse du minerval, gelé depuis 2011, jugeant qu’une augmentation de 340 euros – sur le modèle flamand – risquerait de décourager les jeunes issus de milieux modestes.
Un diagnostic qui dérange
Si les réactions sont vives, c’est aussi parce que le rapport met le doigt sur un malaise profond : la dérive budgétaire de la FWB. En rappelant l’ampleur des coûts à venir – notamment liés à la fin des nominations et au tronc commun jusqu’en troisième secondaire, estimés à 562 millions d’euros – les experts posent un cadre chiffré dont personne ne peut faire abstraction.
Le PS juge ces recommandations « folles » et plaide pour davantage d’investissements dans l’enseignement, estimant qu’ils rapportent à long terme. Mais le comité n’avait pas pour mission de trancher sur la philosophie éducative : il devait objectiver la situation financière. Sur ce plan, la ministre-présidente Elisabeth Degryse (Engagés) rappelle que le rapport doit servir de base aux arbitrages politiques à venir.
Vers des choix difficiles
La présentation officielle du rapport est attendue la semaine prochaine au parlement. Qu’on partage ou non ses conclusions, il confronte la FWB à un moment de vérité : continuer à repousser les réformes ou accepter de revoir certains équilibres pour préserver la soutenabilité des finances. Les réactions indignées montrent combien ces choix seront douloureux, mais aussi combien le travail des experts était nécessaire pour nourrir le débat.
La rédaction
(BELGA PHOTO ERIC LALMAND)
