Une carte blanche d’Alain Destexhe, sénateur honoraire
Le 4 novembre 2025, Zohran Kwame Mamdani, 34 ans, est devenu le premier maire musulman et asiatique élu de l’histoire de New York. Les racines familiales et le parcours de Zohran Mamdani permettent de mieux comprendre son discours radical et son programme socialiste.
Un milieu privilégié, intellectuel de gauche
Né à Kampala (Ouganda), il grandit d’abord en Afrique du Sud avant d’arriver aux États-Unis à l’âge de sept ans. Naturalisé américain il y a seulement sept ans. Zohran Mamdani est issu d’une famille aisée, intellectuelle et très marquée à gauche. Sa mère, Mira Nair, est une cinéaste reconnue : elle a reçu la Caméra d’Or et le Prix du Public à Cannes en 1988 pour Salaam Bombay !.
Son père, Mahmood Mamdani, que Zohran admire, est professeur émérite à la prestigieuse Columbia University, où il enseigne les études postcoloniales. Apparues dans les années 1980, notamment avec l’intellectuel de gauche Edward Saïd (auteur de Orientalism), elles visent à déconstruire les récits occidentaux sur les peuples colonisés. Elles s’appuient sur une figure comme Frantz Fanon, dont le livre Les Damnés de la terre a été une sorte de bible pour des générations de tiers-mondistes.
Cet Occident rejeté, la famille en accepte quand même le confort et les privilèges. Zohran a grandi à Morningside Heights, un quartier résidentiel très privilégié au nord de l’Upper West Side, non loin de l’Université Columbia où enseigne son père.
Le jeune Zohran fréquente des établissements privés d’élite, très chers, dont Bard College, où il fonde une association étudiante pour la justice en Palestine. Il y étudie dans le département des African American Studies.
« African American Studies » ou la victimisation permanente
Comme pour les études post-coloniales, il faut bien comprendre ce que sont les African American Studies pour saisir la formation intellectuelle du jeune Zohran. L’histoire des Noirs y est enfermée dans un essentialisme racial. Elle est considérée uniquement sous l’angle de l’esclavage, de l’exploitation et de la victimisation, qui deviennent la source des revendications de « réparations » pour l’esclavage aboli … il y a plus de 150 ans. Cette victimologie obsessionnelle occulte la diversité des parcours et les responsabilités individuelles. Ce sont des études qui ont sacrifié la rigueur scientifique au profit de la théorie critique de la race et du militantisme politique, devenant un dogme intolérant. Voilà pour l’ambiance où domine le ressentiment malgré les privilèges dans lesquels futur maire a grandi.
Sa femme, Ramla A. Mamdani, vient du même milieu ultra-privilégié que lui. Née aux États-Unis d’un père informaticien et d’une mère médecin, elle a grandi entre le Texas et Dubaï. Formée dans des universités coûteuses, elle se présentait d’abord comme « américaine », puis a connu une « révélation identitaire » et produit des essais sur l’héritage culturel et la « résistance silencieuse », explique sans précision Paris Match.
Aucune expérience professionnelle
Avant la politique, Zohran Mamdani n’a jamais vraiment travaillé. Il n’a en fait aucune expérience professionnelle véritable. Il a vaguement été conseiller en prévention de saisies immobilières, a joué au cricket, et a même tenté une brève carrière de rappeur dans le métro new-yorkais.
Très tôt gagné par le virus politique, il s’engage dans des campagnes électorales. En 2019, il annonce sa candidature à l’Assemblée de l’État de New York sous l’étiquette des Democratic Socialists of America (DSA) — une organisation marxiste qui a quitté l’Internationale socialiste… la jugeant trop modérée.
Il remporte la primaire démocrate de justesse, puis l’élection générale sans concurrent républicain, un phénomène courant dans les circonscriptions ultra-démocrates de New York. Réélu deux fois, toujours sans opposition, il annonce en octobre 2024 sa candidature à la mairie. Soutenu par Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez et la procureure Letitia James (celle qui avait poursuivi Donald Trump), il mène une campagne brillante, portée par les réseaux sociaux et une armée de cent mille militants.
Face à lui : un candidat républicain qui refuse de se retirer, et Andrew Cuomo, ex-gouverneur démocrate issu d’une dynastie politique italo-américaine, mais discrédité par deux scandales majeurs — la gestion catastrophique du Covid (accusée d’avoir causé des milliers de morts) et des accusations de harcèlement sexuel ayant conduit à sa démission : un très mauvais candidat, qui ne suscite aucun enthousiasme.
Socialisme assumé
Mamdani propose un programme résolument socialiste — certains disent communiste : le gel des loyers pour 2 millions de propriétaires et construction de dizaines de milliers de logements sociaux ; des crèches gratuites jusqu’à 5 ans, des transports en commun gratuits « et plus rapide », de épiceries municipales dans chaque quartier (borough) de la ville pour vendre des denrées à bas prix aux plus démunis. Malgré son discours anti-milliardaires, il n’hésite cependant pas à s’afficher avec Alexander Soros, fils de George Soros.
Antisémite ?
Mamdani est farouchement anti-israélien et antisioniste, mais se défend d’être antisémite, ce dont on peut légitimement douter. Dès ses années étudiantes, il milite contre Israël. Il refuse de condamner l’attaque du 7 octobre 2023 et ne rejette pas le slogan « From the river to the sea » ni « Globalize the Intifada », qui signifie lier la cause palestinienne à d’autres luttes contre le colonialisme, le racisme ou l’injustice.
Il est considéré comme antisémite par plusieurs organisations juives américaines. Pourtant, 25 à 30 % des électeurs juifs new-yorkais auraient voté pour lui. Syndrome de Stockholm ou masochisme ?
LGBTQ, transgenre et taqiya ?
Pour compenser ceux supprimés par Trump au niveau fédéral, il promet des dizaines de millions de dollars pour les gender-affirming care (soins d’affirmation de genre), y compris pour les mineurs. Ces « soins » pour « dysphorie de genre » relèvent en réalité de la torture et de la maltraitance infantile. Il s’agit d’injecter des hormones voire de pratiquer des opérations, comme l’ablation des seins chez des adolescentes, pour obtenir un changement de genre.
Il s’est affiché avec l’imam Siraj Wahhaj de Brooklyn, connu pour ses positions homophobes. Celui-ci qualifie l’homosexualité d’« acte contre nature ». Le Coran condamne l’homosexualité (sourate 29, versets 28-29) : « Vous commettez l’abomination que nul avant vous n’a commise » (al-fahisha), mais reste silencieux sur la transidentité, inexistante à l’époque de Mahomet. Autrement dit, l’islam condamne l’homosexualité mais pas le transgenrisme. Est-ce pour cela que Mamdani a mentionné les transgenres mais pas les homosexuels dans son discours de victoire ? On ne peut exclure qu’il pratique la taqiya, la dissimulation de ce qu’il pense vraiment.
Discours de victoire : un ton offensif
Dans son discours de victoire, Mamdani se pose en premier opposant à Donald Trump, qu’il attaque personnellement. Il se présente d’abord sur un mode identitaire comme « musulman », puis, sur un plan politique, comme « socialiste démocrate », et ajoute qu’il « refuse de s’excuser pour cela ».
Il a eu cette phrase en arabe un peu passée inaperçue : « Ana minkum wa alaikum », qui signifie « Je suis des vôtres, et je suis avec vous » — une phrase à forte dimension communautaire. À qui s’adressait-il ? Que voulait-il dire ?
Son discours rappelle aussi la rhétorique des temps radieux que annonçait le communisme : « Cette nouvelle ère sera celle d’une amélioration sans fin », « En ce moment de ténèbres politiques, New York sera la lumière ». Un moment orwellien…
Selon lui, New york restera une ville d’immigrés, « une ville construite par les immigrés, qui tourne grâce aux immigrés, et depuis ce soir, dirigée par un immigré ». Il n’a pas un mot pour la moitié de la population née aux États-Unis, celle qui, majoritairement n’a pas voté pour lui. Car l’électorat du nouveau maire est surtout composé d’immigrants récents venus au cours des vingt dernières années. La population musulmane, qui constituait 3 % en 2001 lors des attentats contre les tours jumelles, a augmenté de 250 % en 24 ans, passant à 9 % du total.
« Américain », « USA » : des gros mots ?
Zohran Mamdani n’hésite pas à citer les nombreuses minorités religieuses ou nationales qui composent New York, mais ne mentionne jamais les Blancs, ni les Américains en général, ni même les États-Unis — ce pays qui l’a accueilli, naturalisé, et lui a permis d’être propulsé à la tête de la ville la plus iconique des États-Unis.
Alain Destexhe – Sénateur honoraire, Senior Fellow au Gatestone Institute (New York) – contribution externe
(Credit Image: © Michael Nigro/Pacific Press via ZUMA Press Wire)