Omniprésente dans le débat public, la fraude fiscale est régulièrement présentée comme un gisement budgétaire majeur. Mais un rapport sévère de la Cour des comptes montre qu’en France, elle reste mal définie, mal chiffrée et bien moins rentable qu’annoncé. Le constat final de la Cour des comptes est sans appel : personne n’est aujourd’hui en mesure de dire combien rapporte réellement la lutte contre la fraude fiscale, ni quelle part de celle-ci est effectivement détectée et sanctionnée. Un constat qui, au vu des similitudes administratives et fiscales, pourrait sans doute être transposé en grande partie à la Belgique (lire encadré).
La fraude fiscale est omniprésente dans le débat public français. Elle est régulièrement présentée comme un gisement budgétaire colossal, susceptible de combler une partie significative des déficits publics. Mais derrière les slogans et les chiffres souvent avancés sans méthode, la réalité apparaît beaucoup plus floue. C’est le constat sévère dressé par la Cour des comptes dans son rapport thématique publié le 16 décembre 2025, consacré à dix années de lutte contre la fraude fiscale.
Fraude fiscale : un angle mort aussi en Belgique ?
Si le rapport de la Cour des comptes française pointe une fraude fiscale mal définie, mal chiffrée et surestimée dans le débat public, la situation belge présente de troublantes similitudes.
En Belgique, le SPF Finances communique régulièrement sur les montants issus des contrôles fiscaux, mais sans estimation consolidée et officielle de l’écart fiscal global, c’est-à-dire la différence entre l’impôt théoriquement dû et celui effectivement perçu.
La Cour des comptes belge a, à plusieurs reprises, souligné les limites des indicateurs disponibles, l’absence d’une méthodologie stable et la difficulté à distinguer clairement fraude intentionnelle, erreurs de bonne foi et optimisation légale.
Comme en France, les montants mis en avant dans le débat public reposent donc davantage sur des résultats de contrôles que sur une évaluation rigoureuse de la fraude réelle, rendant toute promesse de « manne budgétaire » hautement incertaine.
Premier enseignement, et non des moindres : la fraude fiscale demeure mal connue et non chiffrée. Contrairement à ce que suggère le débat public, la France ne dispose toujours pas d’une estimation fiable du montant réel de la fraude. Elle accuse même un retard notable par rapport à plus de quarante pays de l’OCDE, dont plusieurs publient régulièrement des évaluations de leur « écart fiscal »
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