À l’aube d’un 1er mai qui verra sans aucun doute les différents partis hors gouvernement montrer les crocs, Ahmed Laaouej, le président du PS bruxellois, annonce ne pas exclure une majorité bruxelloise sans le MR.
M. Laaouej, principal négociateur du PS dans le cadre des tentatives de formation d’un nouveau gouvernement bruxellois, s’est longuement exprimé dans les colonnes de nos confrères de La Libre en cette veille de la fête du travail, occasion annuelle pour les partis politiques d’avancer publiquement leurs priorités en matière sociale. Il estime ainsi « crédible » une hypothèse de formation d’un gouvernement régional non seulement sans la N-VA (il s’y est toujours opposé), mais également sans le MR, alors que le parti libéral francophone se profile comme le grand vainqueur des dernières élections au niveau régional.
Le président du PS bruxellois s’est d’abord exprimé sur la nécessité de voir adopter un budget régional. Il attend de Sven Gatz, ministre bruxellois du budget (Open-Vld) que celui-ci « vienne avec un vrai projet de budget 2025 », à charge pour M. Laaouej, qui rappelle sa qualité de président de la commission des Finances, de « créer un plateforme parlementaire pour trouver une majorité et faire voter (le) budget », et ce « tant qu’un gouvernement n’est pas mis en place ». M. Laaouej estime par ailleurs qu’il « pourrait faire partie des pistes » que le vote d’un budget soit le point de départ de la création d’un nouveau gouvernement bruxellois.
« Un pacte de sang avec le N-VA »
Le président du PS bruxellois estime par ailleurs que « des discussions doivent s’engager avec tous les groupes », depuis qu’il existe, au regard du départ récent de la députée Latifa Ait Baala du MR vers le PS, une majorité de centre-gauche à Bruxelles – s’entend sans le PTB, sans le MR, mais avec le PS. « Le MR a un pacte de sang avec la N-VA, mais cela n’engage que lui ». « Au PS », prévient-il, nous ne serons pas les collaborateurs d’une politique antisociale de régression qui s’en prend aux services publics (…) et aux associations actives dans le non-marchand ».
Ahmed Laaouej estime malgré tout que le PS est « disponible pour toute coalition qui permettrait d’éviter que Bruxelles se transforme en appendice de l’Arizona », regrettant que le MR ait décrété que les socialistes francophones étaient « indésirables » dans le cadre des négociations pour une majorité bruxelloise. « Une obsession anti-PS », déplore-t-il.
« Soit on choisit Bruxelles, soit on choisit l’Arizona »
Le PS bruxellois prend enfin le parti que le MR cherche la « stratégie du pourrissement » dans la capitale. « Fait-on d’abord passer ses intérêts partisans ? », rappelle son président. Le choix est clair : « soit on choisit Bruxelles, soit on choisit l’Arizona », estimant que « certains passent plus de temps à menacer Bruxelles qu’à trouver des solutions pour assainir les finances publiques », et rappelant que la stratégie du MR d’exclure le PS des négociations pourrait équivaloir à chercher à mettre, à terme, « une tutelle financière (sur la capitale) ». « On peut se demander si ce n’est pas intentionnel », estime M. Laaouej, qui rappelle « qu’une solution était possible au mois de février, (mais que le MR a décidé de rester) scotché à la N-VA ». « Soit on a des principes et des valeurs, soit on n’en a pas », conclut le président du PS bruxellois : « Je ne crois pas qu’on puisse défendre la Région bruxelloise en permettant à un parti nationaliste, séparatiste, anti-belge, dont le programme est la négation de Bruxelles, d’occuper, grâce au MR, une place au gouvernement bruxellois. Une place qui, en plus, ne se justifie pas », selon lui, « d’un point de vue politique et démocratique ».
Maxence Dozin
(Photo Belgaimage)
