L’image a fait le tour du pays : sous les lumières du Brooklyn Paramount, une salle de concert, Zohran Mamdani, 34 ans, premier maire musulman de New York, levait le poing devant une foule en transe. « Nous avons renversé une dynastie politique », lançait-il après sa victoire sur Andrew Cuomo, symbole d’un establishment démocrate que les siens jugent épuisé. Ce soir-là, le Parti démocrate entrait dans une ère nouvelle – celle d’un parti que les socialistes ne cherchent plus à influencer de l’extérieur, mais à conquérir de l’intérieur.
Le nouveau maire de New York s’est imposé comme le visage d’une gauche radicale qui assume désormais de parler au nom du peuple contre les élites. D’abord membre discret de la Democratic Socialists of America (DSA), il a transformé ce mouvement longtemps marginal en une machine électorale redoutable : 100.000 bénévoles mobilisés, un discours simple – logement, transports, justice sociale –, et un usage virtuose des réseaux sociaux pour séduire une génération désabusée par la politique classique.
Le succès de Mamdani, fruit d’un rejet viscéral de l’establishment démocrate, est aussi celui d’une stratégie patiente. Depuis 2018, la DSA a investi les élections locales, formé des candidats, bâti une base militante et misé sur la lassitude d’un électorat urbain il est vrai étranglé par le coût de la vie. Les victoires d’Alexandria Ocasio-Cortez ou de Julia Salazar avaient ouvert la voie ; l’élection de Mamdani achève de consacrer ce que l’un de ses conseillers appelle une « prise de contrôle hostile » du Parti démocrate.
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