Face à l’héritage laissé à Bruxelles par le PS, l’alternance apparaît comme une « exigence démocratique ». Une carte blanche de Mélissa Amirkhizy, conseillère communale MR à Ganshoren.
Depuis plus de deux décennies, le PS domine la Région de Bruxelles-Capitale. Pourtant, il suffit d’ouvrir les yeux pour constater le résultat de cette longévité politique : déficit structurel, insécurité croissante, fragmentation institutionnelle, clientélisme rampant et opacité dans la gestion publique. Ce bilan est accablant. Et le plus préoccupant aujourd’hui, c’est que le PS semble vouloir prolonger son contrôle à tout prix, quitte à bloquer la formation d’un gouvernement dans une région déjà à bout de souffle.
Un pouvoir qui refuse de se remettre en question
Bruxelles est en crise. Selon les chiffres les plus récents, la région accuse un déficit budgétaire dépassant le milliard d’euros, avec peu de perspectives réalistes pour le résorber. Cette situation n’est pas uniquement conjoncturelle : elle résulte d’années de mauvaise gestion, d’un empilement de structures inefficaces, et d’un refus obstiné de réformer. Le PS, pourtant omniprésent dans les gouvernements successifs, se garde bien d’assumer la responsabilité de cet échec. Pis encore, il continue d’agir comme si sa présence au pouvoir était une évidence.
Après les élections régionales de 2024, qui ont vu un recul net du PS, ce dernier adopte une posture d’attentisme stratégique. Il retarde les négociations, agite le spectre d’alliances « dangereuses », mais n’avance aucune vision neuve. Ce blocage n’est pas neutre : il paralyse une région confrontée à des urgences sociales, sécuritaires et économiques majeures. Gouverner est une responsabilité, pas un privilège à défendre au mépris de l’intérêt général.
Une insécurité ignorée, une jeunesse abandonnée
Pendant que les jeux politiques se poursuivent, les réalités de terrain empirent. Dans plusieurs communes de la capitale, l’insécurité s’est banalisée. Petits trafics, violences urbaines, sentiment d’abandon : les signaux sont alarmants, mais restent minimisés au nom d’un certain dogme idéologique. Le PS refuse depuis trop longtemps de nommer les problèmes, par peur de froisser une partie de son électorat. Cette cécité volontaire a un coût : la confiance des citoyens s’érode, les classes moyennes désertent, et l’extrême droite prospère sur ce vide politique.
Un écosystème clientéliste qui étouffe l’innovation
Par ailleurs, le PS a contribué à la constitution d’un véritable écosystème clientéliste : des ASBL largement subsidiées, parfois sans évaluation rigoureuse de leur impact, des nominations politiques opaques, des relais communautaires qui servent d’outils électoraux plus que de leviers d’émancipation. Ce réseau, plutôt que de renforcer la cohésion sociale, fige les inégalités et bride les acteurs associatifs réellement innovants. Dans une ville aussi jeune, dynamique et diverse que Bruxelles, ce verrouillage est un frein inacceptable.
L’alternance comme urgence démocratique
Le PS aime se présenter comme le garant du social à Bruxelles. Mais peut-on encore croire en ce récit quand ce même parti préside à l’appauvrissement des services publics, à la gestion incohérente de la mobilité, ou au sabotage implicite de réformes structurelles nécessaires ?
L’alternance n’est pas un caprice, ni un règlement de comptes. C’est une exigence démocratique. Aucun parti ne devrait s’imaginer propriétaire d’une région. Gouverner implique aussi de savoir se retirer, de laisser émerger d’autres visions, d’autres dynamiques. Le PS ne semble pas prêt à cela. Pourtant, c’est exactement ce dont Bruxelles a besoin aujourd’hui : un renouveau politique, institutionnel et moral.
Bruxelles mérite mieux. Elle mérite un avenir libéré des réflexes du passé, et un pouvoir qui ne se contente plus de gérer l’immobilisme.
Mélissa Amirkhizy, Conseillère communale MR à Ganshoren