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Corruption : la Justice se rapproche de Pedro Sánchez

par Rédaction

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a comparu ce jeudi devant une commission d’enquête sénatoriale, contraint de s’expliquer sur un vaste scandale de corruption qui a éclaboussé tout son premier cercle. L’homme qui aime donner des leçons de morale politique se retrouve cette fois au banc des accusés, sous le feu des soupçons et des contradictions.

L’« affaire Koldo » – du nom de Koldo García Izaguirre, ancien assistant d’un ministre clé du gouvernement et ex-bras droit de Sánchez – est devenue le symbole d’un pouvoir gangrené par les passe-droits et la connivence. Ce proche du Premier ministre est soupçonné d’avoir orchestré une escroquerie massive pendant la pandémie, engrangeant des commissions occultes sur des contrats publics de masques d’une valeur totale de 53 millions d’euros.

L’enquête judiciaire a rapidement mis au jour un enchevêtrement d’intermédiaires et de bénéficiaires, dont plusieurs figures historiques du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). José Luis Ábalos, ancien ministre des Transports et pilier du parti, présenté naguère comme le bras droit de Sánchez, a été accusé d’avoir joué un rôle d’« intermédiaire » dans la combine. Son successeur au secrétariat à l’Organisation du PSOE, Santos Cerdán, a lui aussi été rattrapé par la justice, placé en détention provisoire en juillet après des révélations accablantes sur des versements de pots-de-vin.

Sánchez joue l’indignation

Tous deux étaient les hommes de confiance du Premier ministre – ce qui rend ses dénégations répétées de plus en plus fragiles.

Devant le Sénat, Pedro Sánchez s’efforce de maintenir l’image d’un dirigeant « indigné » qui ne savait rien. Mais l’opposition dénonce un exercice de communication cousu de fil blanc. Alberto Núñez Feijóo, le chef du Parti populaire, a résumé le sentiment général : « Vous mentirez encore, parce que la vérité entraînerait votre chute. »

Le scandale, explosif depuis son déclenchement en février 2024, ne cesse d’élargir son périmètre. Après les confidences d’anciens collaborateurs, plusieurs enquêtes de police laissent entendre que la corruption aurait été non pas accidentelle, mais structurelle – enracinée dans les pratiques du parti dirigé d’une main de fer par Sánchez depuis 2017.

Son épouse également impliquée dans une affaire de corruption

Celui-ci jure que « le PSOE n’a jamais profité d’un financement illégal », tout en multipliant les excuses publiques. Mais ces repentirs tardifs peinent à masquer une série d’autres affaires désormais imbriquées : son épouse, Begoña Gómez, doit être jugée pour corruption et trafic d’influence ; son frère, David Sánchez, pour trafic d’influence ; et le procureur général de l’État, Álvaro García Ortiz – nommé par lui – sera bientôt jugé pour violation du secret judiciaire.

Autour du Premier ministre, les scandales s’empilent comme des dominos. Et c’est toute la crédibilité du socialisme espagnol qui vacille, plombée par l’arrogance et la stratégie du déni d’un homme accroché à son pouvoir comme à un radeau de sauvetage.

La rédaction

(Photo A. Pérez Meca / Europa Press)

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