La pauvreté, longtemps minimisée par les autorités cubaines, est aujourd’hui visible dans les rues de La Havane. Le nombre de personnes sans-abri, mendiant dans les quartiers centraux ou vivant dans des bâtiments en ruine, est en nette augmentation, conséquence directe d’une crise économique prolongée et d’un effondrement progressif des mécanismes de protection sociale. Depuis 2020, Cuba traverse l’une de ses pires périodes économiques depuis la chute de l’Union soviétique. Cette crise est alimentée par une combinaison de facteurs : le durcissement de l’embargo américain, les effets d’une réforme monétaire controversée, la pandémie de Covid-19, et des faiblesses structurelles de son économie centralisée.
Une crise qui fragilise les piliers sociaux de l’État
Historiquement, le régime cubain avait mis en place un système de protection sociale centré sur la gratuité des soins de santé, l’éducation et un accès subventionné à la nourriture via le système de rationnement (libreta). Mais depuis quatre ans, l’État, confronté à une sévère pénurie de devises étrangères, peine à maintenir ces acquis.
Les aides alimentaires ont été réduites, et les produits de base sont de plus en plus difficiles à obtenir. Parallèlement, l’inflation a explosé. Entre 2018 et 2023, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 470%, selon les données économiques disponibles. Les autorités cubaines ne publient pas de statistiques officielles sur la pauvreté. Toutefois, selon le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, environ 189.000 familles et 350.000 personnes seules considérées comme « vulnérables » ont bénéficié de programmes d’aide sociale en 2024, sur une population totale de 9,7 millions d’habitants. Des chercheurs cubains avancent des estimations plus alarmantes. 40 à 45% des Cubains vivent aujourd’hui en situation de pauvreté, c’est-à-dire dans l’incapacité de satisfaire leurs besoins de base avec leurs revenus. L’Unicef indique de son côté que 9% des enfants cubains souffrent de pauvreté alimentaire.
Une situation qui met les autorités sous pression
Les déclarations officielles sur la pauvreté ont récemment provoqué un tollé. En juillet 2024, la ministre du Travail Marta Elena Feito a démissionné après avoir nié l’existence de la mendicité dans le pays, affirmant que les personnes vivant dans la rue avaient choisi une « vie facile » ou jouaient un rôle. Ses propos ont suscité une vive réaction populaire et contraint le président Miguel Díaz-Canel à reconnaître que ces cas étaient le reflet « des inégalités sociales ».
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