Les négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral, formule « Arizona », se sont crashées sur les questions socio-économiques. En cause, notamment, la taxation du capital, vieille pomme de discorde entre la gauche et la droite. Pourquoi une telle crispation autour de ce thème ? En marge d’une interview à propos de l’élection présidentielle américaine, nous avions posé la question à Georges Ugeux, Belgo-américain actif dans la finance aux Etats-Unis et toujours attentif à la situation économique belge.
« La Belgique est pratiquement le seul pays d’Europe qui ne taxe pas les plus-values sur actifs financiers. Je trouve cela très surprenant », constate Georges Ugeux. Parce que, s’il est vrai que, pour des particuliers fortunés, des richesses se créent grâce à cette exemption fiscale, « ce ne sont pas des richesses qui font tourner le pays », dit-il.
La hausse de la fiscalité sera, selon lui, indispensable pour redresser les finances publiques belges. « Pendant des années, on a considéré l’augmentation des impôts comme une vache sacrée. Mais la politique budgétaire, ce n’est pas seulement diminuer les dépenses. Il faut travailler sur les dépenses publiques et les coûts qui sont trop élevés évidemment, mais il faut aussi travailler sur les recettes. On ne s’en sortira pas uniquement avec une baisse des dépenses ». Il fait d’ailleurs remarquer que c’est la tendance actuelle en Europe, en France ou au Royaume-Uni.
« On ne peut pas se faire élire là-dessus »
« Pourquoi est-il impossible de dire aux gens : maintenant on a atteint la limite, il faut agir, ce sera dur pendant quelques années mais c’est pour un mieux? Vous savez ce qu’une personnalité politique de premier plan m’a un jour répondu ? ‘Parce qu’on ne peut pas se faire élire là-dessus’. Evidemment, il faut voir ce qu’on a vendu à la population avant les élections. Mais il y a un moment où c’est une question de courage politique », affirme Georges Ugeux.
La prise de décision est évidemment entravée par la nécessité de construire des accords de coalition entre partis qui ne partagent pas la même vision à propos de la politique budgétaire et fiscale. Mais les négociateurs ont-ils vraiment une vision ? « La première question, répond le Belgo-américain, est de voir s’il y a un accord sur le diagnostic. Et ensuite, il faut transformer le diagnostic analytique en diagnostic politique. C’est comme en médecine : si on doit trouver une thérapie, autant savoir d’abord de quoi souffre le patient. »
Georges Ugeux se demande si l’on pourra « faire l’économie d’une crise. C’est souvent à ce moment que le politique trouve les ressources nécessaires pour agir. Voyez la situation en France : le Premier ministre Michel Barnier reconnaît que pour s’en sortir, il faudra augmenter les impôts. »
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