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Leo Express : un « express » de 19 heures entre Ostende et Bratislava

par Rédaction

Encore un train de nuit annoncé entre Bruxelles et l’Est de l’Europe. Encore un projet transfrontalier qui promet la renaissance du rail international. Et encore une durée de trajet qui ferait passer la diligence du XIXe siècle pour un TGV. Avec plus de 50 arrêts et près de 19 heures de voyage, l’« express » tchèque Leo Express a tout d’un serpent de mer du rail. La question reste entière : qui montera à bord… et à quel prix ?

Le nom fait sourire : Leo Express. Pourtant, c’est bien 19 heures que mettrait ce train pour relier Ostende à Bratislava, la capitale slovaque, via Bruxelles, l’Allemagne, la République tchèque et une collection de plus de 50 arrêts. Soit une moyenne horaire inférieure à celle d’un cyclotouriste motivé. Le convoi partirait chaque jour à 19h10 de la côte belge pour atteindre Bratislava le lendemain à 14h18. Dans l’autre sens, le départ est prévu à 14h44 avec une arrivée à Ostende à 09h52. Bref, un « express » à la sauce nostalgie.

Ce n’est pas la première fois que la compagnie tchèque Leo Express tente d’installer une liaison Belgique-Europe de l’Est. Une première demande datait déjà de 2023, avec une mise en service alors prévue pour 2024 ou 2025. Reporté. Aujourd’hui, nouveau dossier, nouvelles promesses, et un horizon repoussé à décembre 2026. Sur le papier, le projet fait rêver : Ostende, Bruges, Bruxelles, Liège, puis Cologne, Hanovre, Leipzig, Prague et enfin Bratislava. Mais dans la réalité, il s’ajoute à la longue liste des projets de trains de nuit — ou de très longs trains de jour — qui peinent à dépasser le stade de l’annonce.

Car l’Europe des rails n’est pas l’Europe des airs. Là où Ryanair, WizzAir ou Eurowings alignent des vols à 40 euros entre Charleroi, Bratislava ou Vienne en moins de deux heures, le train reste plombé par sa lenteur, sa fragmentation tarifaire, et une logistique kafkaïenne. Combien coûtera ce « Leo Express » ? Aucun prix n’a encore été annoncé. Mais si l’on se réfère aux autres trains de nuit existants, comme l’European Sleeper entre Bruxelles et Prague, les tarifs flirtent vite avec les 120 à 200 euros l’aller simple, couchette incluse. Pas de quoi rivaliser avec les compagnies low cost.

Et même si le confort du rail et l’aspect « éco-responsable » séduisent une minorité de voyageurs, cela suffit-il à rentabiliser un tel mastodonte roulant ? Les projets de trains de nuit se sont succédé ces dernières années avec un enthousiasme communicatif : NightJet d’ÖBB, European Sleeper, Midnight Trains, ou encore les tentatives avortées d’Elipsos ou Thello. Presque tous ont buté sur le même mur : le coût, la lenteur, les correspondances capricieuses… et l’indifférence du grand public.

Alors, faut-il saluer cette nouvelle tentative comme une bouffée d’espoir ou comme une annonce de plus vouée à s’évanouir dans la nuit européenne ? Un train de 19 heures pour 1.000 kilomètres — soit moins de 55 km/h de moyenne — mérite-t-il encore le qualificatif « express » ? Rien n’est moins sûr. Mais s’il part un jour, le Leo Express aura au moins une qualité : il laissera tout le temps aux passagers de lire La Lenteur de Milan Kundera — de préférence en tchèque.

La rédaction

(Photo Belgaimage)

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