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Les entreprises belges devront lever le voile sur leurs politiques salariales

par Rodolphe Masuy

Dès 2026, les entreprises belges devront rendre leurs salaires plus transparents afin de combler l’écart entre les femmes et les hommes. Mais la plupart des employeurs n’y croient pas. Plus d’un sur deux estime que cette directive européenne ne fera pas bouger les lignes.

Dès 2026, les entreprises belges devront jouer cartes sur table. La directive européenne sur la transparence salariale les obligera à plus de clarté sur les rémunérations, dans le but de réduire l’écart entre les femmes et les hommes.

Mais une majorité d’employeurs reste sceptique. Selon une étude* menée par Partena Professional et le professeur Stijn Baert (UGent), 51 % des employeurs belges pensent que cette législation ne changera rien. Et la transparence reste un sujet sensible : à peine 58 % trouvent acceptable que les salariés connaissent le salaire de leurs collègues.

« Pas une recette miracle »

Moins d’un employeur sur deux (46 %) estime que la transparence salariale réduira effectivement l’écart entre les sexes. Les néerlandophones se montrent un peu plus positifs (55 % contre 37 % du côté francophone). En Wallonie et à Bruxelles, près de six sur dix (59 %) pensent que cette mesure n’aura aucun impact réel.

Les grandes entreprises affichent un optimisme plus marqué : dans celles de plus de 250 salariés, 64 % des dirigeants s’attendent à une diminution des écarts, contre seulement 28 % dans les PME.

« La transparence est importante pour lutter contre les inégalités », explique Yves Stox, Managing Consultant chez Partena Professional.« Mais elle n’est pas une recette miracle. Si l’on ne prête pas attention à la manière dont le travail est organisé, aux formes de leadership valorisées et aux stéréotypes qui persistent, la transparence salariale risque de se limiter à un simple symbole. »

Et d’avertir : « À terme, la transparence salariale peut conduire à un plafonnement des salaires ou à une réduction des avantages. L’écart se réduit alors, mais le salaire moyen aussi. Le risque est de confondre égalité et nivellement. »

Un tabou qui persiste

La directive européenne entend donner aux travailleurs plus d’armes pour parler ouvertement de leur salaire. Mais le sujet reste hautement tabou.

Près de la moitié des employés (46 %) disent que, même avec la nouvelle loi, ils n’oseraient pas s’informer sur les salaires moyens dans leur entreprise.

« La réticence à s’informer sur les salaires de ses collègues est plus fréquente en Belgique francophone qu’en Flandre », souligne le professeur Stijn Baert, qui a supervisé l’étude. « Parmi les Belges francophones, une personne sur cinq (20 %) ne sait même pas combien gagne son partenaire. Les travailleurs plus âgés ont également plus de mal à le faire. La réticence à parler de son salaire semble donc profondément ancrée dans notre culture. »

* L’étude, menée par le bureau iVOX pour Partena Professional entre le 4 et le 11 février 2025, a interrogé 250 employeurs et 1 000 travailleurs belges. Un échantillon représentatif en termes de langue, de sexe, d’âge et de diplôme. Marge d’erreur : 6,16 % chez les employeurs et 3,02 % chez les travailleurs.

Rodolphe Maguy

(©Katarina Sundelin/AltoPress/Maxppp)

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