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Liberté de la presse : Georges-Louis Bouchez contre-attaque

par A.G.

Le bras de fer entre le président du MR et la RTBF prend de l’ampleur. Après les accusations du Syndicat des journalistes (SDJ) de la chaîne publique, qui lui reprochent des pressions répétées sur la presse, Georges-Louis Bouchez riposte, dénonçant à la fois les « fake news », les pratiques de la RTBF et le rôle, qu’il juge partial, du Conseil de déontologie journalistique (CDJ).

Tout est parti d’un enregistrement audio révélé ce week-end, une pratique rare et profondément choquante sans qu’on sache qui exactement a balancé l’enregistrement – la RTBF n’a pas autorisé cette publication « ni sa journaliste » (lire encadré). Dans cet extrait, le président du MR, plutôt remonté, demande à un journaliste de lui envoyer l’auteur d’un article dans la presse écrite l’accusant d’un usage abusif de cartes de stationnement pour personnes handicapées : « Il sera très bien reçu », ajoute-t-il, avant de lancer : « Et il risque peut-être d’avoir lui-même besoin d’une carte ensuite. » Carte de presse ou carte de handicapé ?

Le SDJ y voit une menace physique et un nouvel épisode dans ce qu’il décrit comme un comportement récurrent du chef libéral à l’égard des journalistes. « C’est une évolution particulièrement dangereuse qui mine la liberté de la presse », juge l’organisation. Elle rappelle que si un responsable politique estime qu’une erreur a été commise, il dispose de voies de recours : demande de rectification, saisie des instances déontologiques. Son président, Fabrice Gérard, dénonce un comportement « inacceptable ».

Bouchez dénonce « un feuilleton ridicule »

Sur Facebook, Georges-Louis Bouchez affirme avoir longtemps hésité avant de répondre, pour ne pas « alimenter ce feuilleton ridicule de l’été » qui viserait à le discréditer. Selon lui, l’affaire révèle surtout la vulnérabilité de toute personne publique : « Vous pouvez aujourd’hui être accusé de choses que vous n’avez pas faites, voir votre réputation salie par quelques lignes sur un site ou un réseau social. »

Le président du MR assure avoir expliqué « pendant 40 minutes » la situation à la journaliste, Charlotte Legrand – ils se tutoient – proposant toutes les preuves : immatriculations, documents d’assurance, relevés bancaires. Malgré cela, dit-il, un article contenant « quelque chose de totalement faux » a été publié. Pour lui, les accusations de pression formulées par le SDJ sont infondées : « Je n’ai jamais fait pression sur des journalistes. J’appelle lorsqu’ils diffusent des erreurs matérielles ou des fake news. »

Le CDJ se dit « ouvert au dialogue »

Le Conseil de déontologie journalistique a confirmé, lundi, sa volonté de rencontrer prochainement Georges-Louis Bouchez. Sa porte-parole, Muriel Hanot, a dit à l’agence Belga « ne pas connaître les raisons » de la méfiance exprimée par le président du MR dans les colonnes de L’Avenir samedi, mais s’est dite prête à l’écouter pour voir « ce qui pourrait être amélioré ». « Notre travail est toujours perfectible. Une chose est sûre toutefois, ce qu’on fait depuis 15 ans, on le fait avec beaucoup de sérieux et de rigueur. Mais il y a forcément des déçus à la sortie », a-t-elle ajouté.

« Des journalistes militants » et un CDJ « juge et partie »

Bouchez, justement, s’en prend aussi au Conseil de déontologie journalistique, que le SDJ recommande de saisir et qui, selon lui, ne peut réparer le mal causé. Une fausse information diffusée sur le web, argue-t-il, reste partagée et archivée, et toute rectification intervient trop tard. De plus, accuse-t-il, le CDJ compte « des membres de la RTBF, dont le directeur de l’information », et certains ont exprimé des opinions politiques hostiles au MR. « Quelle crédibilité donner à un organe de l’entre-soi par excellence ? », interroge-t-il. « On me demande d’aller discuter avec un organisme dont les membres ont déjà publiquement pris position contre moi », faisant probablement référence à l’affaire des beepers du Hezbollah sur Radio Judaïca.

En parallèle, Bouchez met directement en cause la neutralité des leaders du SDJ, qu’il décrit comme « des journalistes de gauche » aux prises de position politiques visibles : « Il suffit de lire le compte Twitter de certains pour comprendre leur positionnement. »

« Une liberté qui implique des responsabilités »

Le chef libéral martèle que la liberté de la presse doit aller de pair avec « la responsabilité de faire son travail avec sérieux, éthique et déontologie ». Il accuse certains journalistes de « se sentir tout-puissants, raconter n’importe quoi » et d’utiliser la liberté de la presse « comme un bouclier » pour échapper à leurs obligations. Contrairement aux politiques qui sont sanctionnés à la moindre erreur, « eux continuent à commenter la vie des autres sans prendre de risque ».

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