Philippe Musquar, chargé de cours sur la politique commerciale de l’UE à Sciences Po. Lille et à l’Université catholique de Milan, estime que « Trump a mené, et réussi, un coup de bluff en matière de négociations ».
21news : Pensez-vous que les actions diligentées par M. Trump depuis le « Liberation Day » du 2
avril dernier étaient légitimes en ce qui concerne le commerce entre les deux partenaires que
sont les Etats-Unis et l’Union Européenne ?
Philippe Musquar : Cela dépend de quel point de vue on se place. Trump est un mercantiliste pur et dur qui considère comme intolérable le fait que les Etats-Unis puissent enregistrer un déficit
commercial vis-à-vis de certains partenaires, dont l’UE (au moins pour ce qui concerne le
commerce des marchandises). D’où son obsession de rééquilibrer les échanges à travers des
droits de douane significatifs. Il a même basé juridiquement ces droits sur la prise en compte
d’une prétendue «urgence nationale». Du point de vue des partenaires concernés, dont l’UE,
en revanche, ces mesures brutales de fermeture du marché américain représentent à la fois
une violation des engagements des Etats-Unis dans le cadre de l’OMC et une tentative
évidente de coercition pour les obliger à faire un certain nombre de concessions au bénéfice
de ces derniers. Une « diplomatie de la canonnière » commerciale en quelque sorte.
21news : Qu’est-ce qui explique la faiblesse apparente de la position des Européens en matière de
négociation commerciale ?
P.M. : Pour faire simple, disons que ces faiblesses sont essentiellement de deux ordres: d’abord le
fait que l’UE est plus dépendante du marché américain que l’inverse (d’où son excédent
commercial), y compris dans un certain nombre de secteurs sensibles, avec de nombreux
emplois à la clé; ensuite le fait que l’UE est une union de 27 États membres, qui certes
parlent d’une seule voix (celle de la Commission) en matière de politique commerciale, mais
dont les intérêts spécifiques sont assez différents et parfois même divergents
(France/Allemagne notamment). Les Américains savent très bien, à l’occasion, jouer
subtilement de ces désaccords.
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