La scène défie toute logique. Faute de personnel dans plusieurs prisons, des hauts fonctionnaires de l’administration pénitentiaire, y compris la directrice générale, passent leurs mardi et mercredi à distribuer les repas aux détenus. Une information confirmée par l’administration elle-même, comme si cela allait de soi.
« Depuis l’administration centrale, nous allons aider sur le terrain à la distribution des repas dans les établissements où le manque de personnel est devenu critique, malgré le soutien policier », explique-t-on officiellement. Traduction simple. La directrice stratégique, des responsables régionaux, la porte-parole et la directrice générale vont assurer les tâches de base. Une image surréaliste d’un système tellement à bout de souffle que ceux qui écrivent les notes stratégiques doivent désormais servir les plateaux-repas.
Ces cadres supérieurs connaissent certes le terrain. Beaucoup sont d’anciens directeurs de prison. Mais les voir quitter leurs bureaux pour remplacer à la hâte des agents en sous-effectif en dit long sur la gravité de la situation. On ne parle plus de tension mais d’un modèle qui se délite sous nos yeux.
Surpopulation, manque de personnel
Entre grèves à répétition et sous-effectif chronique, les prisons ne parviennent plus à assurer le minimum. La présence de la haute direction vise simplement à garantir que les repas soient distribués à temps et sans incident. Une sorte de pare-feu improvisé face à un système en surchauffe.
Lundi, le nombre de détenus dormant sur un matelas au sol a atteint un niveau historique. Dans ce décor déjà chaotique, l’ensemble des directeurs d’établissement réclament une fois encore l’instauration d’un service minimum dès le début de toute grève. Ils dénoncent des conditions de travail devenues « irresponsables », avec des effets délétères à la fois pour les agents et pour les détenus.
Un appareil pénitentiaire où l’on en vient à mobiliser la direction générale pour servir le dîner. Cette image, à elle seule, résume l’absurdité du moment.
La Rédaction
(Photo Belgaimage : prison de Mons)