L’ancien Premier ministre travailliste préface un rapport sévère pour les politiques climatiques. Selon lui, l’approche actuelle pour lutter contre le réchauffement ne fonctionne pas. Il propose de repenser l’ensemble de la question.
L’Institut Tony Blair a secoué le cocotier, en publiant ce 29 avril un rapport intitulé : Le paradoxe climatique. Pourquoi nous devons réinitialiser nos actions sur le changement climatique. Selon l’ancien Premier ministre britannique, une transition énergétique basée sur l’élimination des combustibles fossiles à court terme et sur la réduction de la consommation est « vouée à l’échec ».
Le rapport poursuit : « Il est erroné de demander aux gens de faire des sacrifices financiers et des changements de style de vie quand ils savent que leur impact sur les émissions mondiales est minime. » Et de citer plusieurs exemples montrant qu’en dépit des efforts réalisés pour réduire les émissions du monde occidental, la Chine, l’Inde et l’Asie du Sud-Est restent les zones où se concentrent deux tiers des émissions de CO2. La croissance de l’urbanisation, du trafic aérien et de l’Afrique complèteront le tableau dans les années à venir.
Bref, Tony Blair relance le débat sur l’utilité des politiques climatiques et propose même de réinitialiser la stratégie, sans pour autant remettre en question l’urgence climatique.
Stupéfaction dans les milieux scientifiques
En Grande-Bretagne, les réactions aux propos de l’ex-Premier ministre travailliste n’ont pas tardé. Dans les colonnes du Guardian, l’éditorialiste Zoé Williams se demande comment Tony Blair a pu passer un jour pour un progressiste. Elle rappelle le nom et la fortune de son principal donateur, Larry Ellison, proche de Donald Trump, qui avait offert en 2024 la coquette somme de 100 millions de dollars à l’Institut Tony Blair.
Les milieux académiques ont aussi réagi. « Si le Royaume-Uni hésite sur la voie de la neutralité carbone, d’autres pays pourraient se montrer moins engagés », souligne le Grantham Institute, spécialisé dans les études sur le climat et l’environnement.
Starmer : un gouvernement « en phase »
Pourtant, le leader actuel du gouvernement s’estime en accord avec les déclarations de son prédécesseur. Interrogé au Parlement, le Premier ministre Keir Starmer, travailliste lui aussi, a déclaré : « Si vous regardez les détails de ce que Tony Blair a dit, il est absolument en phase avec ce que nous faisons ici. »
Le gouvernement britannique vise en effet l’objectif zéro émission pour 2050. Mais, dans la pratique, l’autorisation de construire une nouvelle piste à l’aéroport d’Heathrow, pour ne citer que cet exemple, montre bien que Keir Starmer est conscient du principe de réalité. Le même qui incite l’Union européenne à jouer la carte de la prudence, en rediscutant par exemple les modalités d’interdiction des moteurs thermiques.
En invitant sans pincettes à relancer le débat, Tony Blair prend conscience qu’il ne s’agit pas de saborder la sixième économie mondiale sur l’autel du climat. Son rapport a d’ailleurs fait la Une des grands journaux britanniques. Qui soulignent le choix du timing : les élections locales se déroulent ce jeudi 1er mai.
L.M.
(Photo : Jason Kempin/Getty Images/AFP)