Le discours sur l’État de l’Union d’Ursula von der Leyen (photo) n’a pas convaincu le Parlement européen. Les réactions oscillent entre scepticisme et désillusion, surtout à propos de l’accord commercial conclu avec les États-Unis.
Le socialiste Elio Di Rupo déplore l’« humiliation » infligée aux Européens par « une attitude de soumission » face à Donald Trump. Sa justification — « mieux vaut un mauvais accord qu’une confrontation » — n’a guère apaisé les critiques. Iratxe García (S&D) a confirmé que son groupe déposerait des amendements.
Pour Yvan Verougstraete (Les Engagés, Renew), la Commission manque d’ambition : « Ce ‘big deal’ avec les États-Unis est une capitulation qui fragilise dangereusement l’Europe. » Benoît Cassart (MR, Renew) renchérit : « On nous vend un succès commercial, mais on s’est fait avoir », dénonçant une dépendance excessive envers Washington, notamment en matière de défense.
Certains saluent malgré tout des avancées. Le libéral belge voit d’un bon œil la création d’un semestre de l’État de droit, idée soufflée par Sophie Wilmès. Pascal Arimont (PPE) juge le discours « complet et plaisant », mais regrette que l’agriculture et la cohésion soient oubliées. Des députés PPE ont d’ailleurs hué la proposition de Von der Leyen de lancer une voiture électrique européenne, jugée irréaliste.
von der Leyen fragilisée
Chez les Verts, Saskia Bricmont parle d’un déséquilibre flagrant : « Une Europe de la guerre, sans idée pour en sortir, et une Commission incapable de répondre à la crise climatique et sociale. » Elle dénonce aussi du greenwashing derrière la campagne « manger européen » alors que l’UE cherche à conclure un accord avec le Mercosur. Marc Botenga (PTB, La Gauche) va plus loin et accuse la Commission d’aligner l’Europe sur un « modèle américain » en finançant prioritairement l’armement plutôt que le social.
Dans son intervention, Ursula von der Leyen a insisté sur l’unité des forces « démocratiques pro-européennes » de l’hémicycle, une majorité composée du PPE, du S&D, de Renew et d’une partie des Verts. Roberta Metsola, présidente du Parlement, avait elle aussi appelé à renforcer ce front commun.
Mais la cohésion reste fragile : le débat qui a suivi a tourné à l’affrontement entre Iratxe García (S&D) et Manfred Weber (PPE), provoquant l’exaspération de Valérie Hayer, cheffe de Renew, qui a rappelé l’urgence de maintenir une majorité pro-européenne unie.
La Rédaction
(Photo : Sébastien Bozon / AFP)