Le mouvement de grogne qui secoue la justice belge depuis plusieurs mois connaît un nouvel épisode. Ce lundi, l’auditorat du travail du Hainaut a annoncé suspendre une partie de ses activités judiciaires, en protestation contre le sous-financement chronique du pouvoir judiciaire et le projet de réforme des pensions des magistrats.
Concrètement, l’auditorat sollicitera le report des affaires non urgentes devant les tribunaux correctionnels et de police, et cessera de rendre des avis dans les affaires sociales, à l’exception des dossiers jugés prioritaires, notamment ceux concernant le CPAS ou Fedasil.
Cette action s’inscrit dans un mouvement plus large, déjà amorcé ces dernières semaines par plusieurs autres juridictions et entités du ministère public, dénonçant des conditions de travail intenables, une surcharge chronique et une dégradation inquiétante du service public de la justice. Des protestations similaires avaient déjà été observées, notamment au sein des tribunaux de la jeunesse, des parquets correctionnels, ainsi que parmi les juges d’instruction, tous mobilisés contre une réforme des pensions jugée injuste et contre une stagnation budgétaire qui étouffe leur fonctionnement quotidien.
Une suspension des activités
Dans son communiqué, l’auditorat du Hainaut souligne que cette action vise à défendre l’indépendance de la magistrature, aujourd’hui menacée par un double mouvement : un affaiblissement statutaire via la réforme des pensions, et une asphyxie financière qui empêche les magistrats de remplir correctement leurs missions. Le texte rappelle aussi que de nombreuses gardes, de jour comme de nuit, ne sont toujours pas rémunérées, et que l’attractivité du métier ne cesse de reculer.
Le message est clair : sans investissements structurels dans la justice et sans respect du statut des magistrats, c’est l’ensemble de l’État de droit qui vacille. Un avertissement que le monde politique ne pourra ignorer éternellement.
La Rédaction
(Photo Belga : David Stockman)