Officiellement, le Vatican ne possède pas de services secrets. Mais son réseau d’influence est dispersé aux quatre coins du monde. Des espions en soutane font remonter jusqu’au Saint-Siège des informations de la première importance. Enquête.
Sur l’antenne de CNEWS ce 6 mai, dans l’émission La Matinale, l’expert en renseignement Claude Moniquet a répondu à une question peu abordée mais fascinante : le Vatican, en tant qu’État, possède-t-il ses propres services secrets ? Et si oui, à quoi servent-ils, comment fonctionnent-ils, et quel rôle joue le pape ? Un deuxième temps de l’échange a porté sur la diplomatie vaticane, bien réelle celle-là, avec ses réseaux, ses missions et ses objectifs.
Services secrets : officiels ou invisibles ?
Officiellement, non : le Vatican n’a jamais reconnu l’existence d’un service de renseignement. Mais en réalité, une tradition d’action secrète existe depuis des siècles. Dès le XVIe siècle, le pape Pie V fonde la « Sainte Alliance », chargée de contrer le protestantisme et d’envoyer clandestinement des jésuites prêcher en Angleterre. Au XXe siècle, Pie XII met en place la Sapinière, surnom donné à un service interne chargé de veiller à l’orthodoxie catholique et de surveiller les courants hérétiques ou modernistes.
Aujourd’hui encore, le renseignement vatican fonctionne selon une logique singulière : pas d’agents secrets classiques, mais des milliers de prêtres, religieux, missionnaires et laïcs insérés dans toutes les couches de la société mondiale. « Là où une grande puissance envoie 20 ou 50 agents, le Vatican dispose de centaines d’informateurs naturels », résume Claude Moniquet. Ce réseau informe la hiérarchie, parfois jusqu’au pape, via des rapports réguliers. Les nonciatures apostoliques (ambassades du Saint-Siège) jouent un rôle majeur dans cette veille mondiale discrète.
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