Une opinion de Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme
Ce dimanche 11 mai, des milliers de propalestiniens ont défilé dans le centre de Bruxelles — 20.000 selon la police, 80.000 selon les organisateurs. Il s’agissait de la neuvième grande manifestation du genre depuis le début de la guerre déclenchée par le Hamas le 7 octobre 2023, sans compter les attroupements antisionistes plus modestes qui, depuis 19 mois, prennent place quotidiennement à la Gare Centrale ou à la Bourse.
Présentée comme “pacifique”, la manifestation d’hier a donné lieu à des scènes de rue qu’on associait davantage à Gaza, lorsque le Hamas y tenait encore le haut du pavé.
Quelques exemples.
Sous les drapeaux palestiniens et les bannières de Samidoun — filiale de l’organisation terroriste FPLP —, la foule célèbre les pogroms du 7 octobre en scandant “Vive la lutte armée du peuple palestinien !” et exalte ses “martyrs”, à savoir trois chefs terroristes palestiniens : “Gloire à Yahya Sinwar !” pour le Hamas, “Gloire à Walid Daqqa !” pour le FPLP, et “Gloire à Abou Hamza !” pour le Jihad islamique palestinien.
Parmi les orateurs de la manifestation figure Salah Hamouri. Présenté sobrement comme “avocat franco-palestinien” par l’agence Belga, Hamouri est aussi et surtout un terroriste du FPLP, condamné en 2008 par la justice israélienne pour avoir projeté d’assassiner le grand rabbin d’Israël, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre de l’échange de 1027 terroristes et prisonniers palestiniens — dont Yahya Sinwar et lui — contre le soldat Gilad Shalit, kidnappé par le Hamas en Israël 5 ans plus tôt et retenu en otage à Gaza.
Aux abords de la Gare du Nord, point de départ de la manifestation, Hamouri prend donc la parole depuis la tribune officielle, saluant à peu près tout ce que le Proche-Orient compte de groupes terroristes avides d’accorder la Shoah au pluriel. Lorsqu’il clame “Vive la résistance du peuple palestinien et de la région, au Yémen, au Liban et en Syrie”, il rend hommage aux terroristes palestiniens, aux Houthis yéménites — dont la devise est “Dieu est le plus grand, Mort à l’Amérique, Mort à Israël, Malédiction sur les Juifs, Victoire à l’Islam” —, au Hezbollah libanais et aux jihadistes opérant à partir du territoire syrien, tous animés par le même projet génocidaire : anéantir l’État juif et les Juifs dans leur ensemble.
Aussi ahurissant que cela puisse paraître, la relation toute poétique réservée par Belga au discours d’Hamouri débute ainsi : “L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, lors de sa prise de parole, a tenu à pointer l’importance de porter un message “d’amour” (…)”. Amour vache, pour le moins.
Après s’être mis en branle à 15 heures, le cortège prend la direction de la Gare du Midi, qu’il atteint deux heures plus tard. Deux heures durant lesquelles des hordes de manifestants glorifient le terrorisme, prônent la violence et appellent à la destruction d’Israël, tandis que résonnent, dans les enceintes du véhicule sonorisé en tête de cortège, des chants martiaux en arabe.
Parmi les slogans entendus hier sur les grands boulevards la capitale de l’Europe, citons : “Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes”, “From the river to the sea, Palestine will be free”, “Intifada ! Intifada !”, “Allahu akbar”, “Israël fasciste”, “Israël terroriste”, “Israël raciste” et “Israël apartheid”, sans oublier le blood libel du moment : “Israël génocide”.
Bruxelles, c’est déjà un peu Gaza. Les apprentis-sorciers qui surfent sur la guerre Israël-Hamas pour engranger quelques gains électoraux réaliseront bien assez vite que l’urne de Pandore qu’ils ont ouverte ne se refermera pas sans peine — si tant est qu’elle puisse encore l’être.
Contribution externe
(Photo Belgaimage)