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Profanation de la tombe de Jean Gol – Quand la haine politique franchit la ligne rouge (Édito)

par Nicolas de Pape

La profanation de la tombe de Jean Gol n’a rien d’un fait divers. C’est un acte abject, sans doute animé par l’antisémitisme. Un geste qui s’attaque à la mémoire d’un homme disparu et qui dit beaucoup du climat qui s’installe en Belgique. La haine avance, elle se banalise.

Regardons les choses en face. Les conférences du Mouvement Réformateur – qui incarne la droite politique – se tiennent désormais presque toujours sous haute sécurité. Cordons policiers, fouilles, protection rapprochée. Est-ce cela, la démocratie ? Un parti obligé de se barricader pour parler à ses concitoyens ?

Hier soir, on a franchi une étape supplémentaire avec des manifestants pro-palestiniens qui bloquent l’entrée du bâtiment (“du 20 août”) où devait se tenir un double hommage, à Jean Gol toujours, mort il y a exactement 30 ans et au 20 ans du centre éponyme, le think tank du MR animé par le courageux philosophe Corentin de Salle. Ensuite, on a assisté à une scène surréaliste et honteuse au cours de laquelle le président du MR, Georges-Louis Bouchez tente de rentrer dans le bâtiment de l’Université de Liège par une fenêtre dérobée.

C’est le résultat de 30 ans d’impunité face à un gauchisme grandissant qui utilise désormais le drapeau palestinien comme cri de ralliement pour détruire tout adversaire qui se dresse sur son chemin : l’Urne de Pandore.

Les réseaux sociaux ajoutent leur poison et fédèrent cette haine de celui qui pense autrement. Des comptes anonymes distillent chaque jour insultes, menaces, campagnes de dénigrement. La radicalité s’en nourrit. Les violences verbales deviennent normales. Et, parfois, elles ouvrent la porte au passage à l’acte.

Face à cela, où sont les voix progressistes qui prêchent d’ordinaire le respect et le vivre-ensemble ? On ne peut pas se draper dans les habits de la démocratie quand on est attaqué et détourner le regard quand l’adversaire est visé. La cohérence impose de dire stop. Sans nuance, sans ambiguïté. Car en laissant prospérer la haine, c’est la démocratie tout entière qui s’effrite. Aujourd’hui, ce sont les libéraux qui sont ciblés. Demain, ce sera qui ? Où sont les progressistes généralement prompts à dénoncer le racisme dans l’autre camp ?

Hélas, la profanation de la tombe de Jean Gol ne marquera pas un tournant mais une étape vers le pire. Notre pays est devenu un champ de bataille.

Nicolas de Pape

(Photo La Libre Belgique)

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