Ce 13 octobre, le héros du jour était incontestablement Donald Trump.
Face à une Europe hésitante qui, depuis deux ans, réclamait un cessez-le-feu bien trop précoce, qui n’aurait eu pour effet que de maintenir le Hamas au pouvoir à Gaza, Trump, prétendument fanfaron, versatile et imprévisible, a déplacé des montagnes.
D’abord, il a convaincu Benjamin Netanyahu que l’assaut sur Gaza-City relèguerait Israël du mauvais côté de l’histoire et qu’il était temps d’en finir. Ensuite, il a su mobiliser les puissances sunnites du Moyen-Orient, le Qatar en tête, pour exercer sur le Hamas une pression maximale. L’Égypte, qui n’oublie pas avoir emprisonné ses propres Frères musulmans, et l’Arabie saoudite, consciente du danger que représentent les Houthis, ont joué leur rôle. La chiquenaude israélienne visant un bâtiment qui aurait dû éliminer des dirigeants du Hamas à Doha a paradoxalement permis à Trump d’assurer la protection du Qatar, à Bibi de s’excuser publiquement et au petit émirat de devenir, de facto, un protectorat américain. Dès lors, les dirigeants du Hamas, confortablement installés dans le luxe qatari, savent qu’en perdant la protection de leur hôte, ils seront traqués par Israël. Le Qatar, adepte du soft power, n’apprécie pas les prises d’otages, implicitement condamnées par le Coran.
C’est là la force de Donald Trump : la forme est brutale et souvent contestable, mais le fond, l’efficacité implacable, lui donnent souvent raison. Il poursuit son objectif sans relâche et mobilise toute la puissance de l’Amérique. Les monarchies arabes apprécient : c’est brutal, simple et fiable.
Une victoire diplomatique
Sur la scène internationale, Trump triomphe. Avant de se rendre à Charm-el-Cheikh, il a été acclamé à la Knesset, avalant goulûment les compliments parfois bibliques des dirigeants israéliens. Le monde entier doit reconnaître qu’il mérite le prix Nobel de la Paix – si ce n’est cette année, l’an prochain. La lauréate 2025, María Corina Machado, opposante à Nicolás Maduro et figure de la résistance démocratique au Venezuela, ne lui a-t-elle pas déjà rendu hommage ?
En coulisses, comme nous l’avons écrit, ont œuvré l’envoyé spécial Witkoff et Jared Kushner, le gendre de Trump, homme d’affaires habile et fédérateur, qui a ravivé les contacts hérités des Accords d’Abraham.
À côté, Emmanuel Macron, Keir Starmer et même le chancelier allemand Friedrich Merz donnent une image d’amateurisme. La reconnaissance sans condition de l’État palestinien, à l’instigation d’un Macron embourbé dans une crise politique française interminable et qui ne convainc plus que 15% des Français, était une absurdité, un cadeau pour le Hamas. Elle a été saluée par le mouvement terroriste lui-même, sans qu’aucun otage ne soit rendu. On ne combat pas la barbarie par la faiblesse. Face aux fascislamistes, l’équidistance ou l’accablement du seul État juif est voué à l’échec. Le Hamas ne comprend que le langage de la force. Trump l’a compris.
Une victoire militaire
Si la première phase du plan – l’échange d’otages contre « prisonniers » palestiniens – est un succès phénoménal, c’est d’abord grâce à la campagne militaire d’Israël, qui a anéanti son adversaire, au prix de lourdes pertes civiles et d’une désolation matérielle considérable. Le Hamas, lui, cherchait précisément à provoquer un maximum de victimes pour faire passer Israël pour un génocidaire aux yeux du monde. De multiples déclarations de ses dirigeants et un mémo de Sinwar le confirment.
La deuxième phase, en revanche, s’annonce bien plus délicate. Le Hamas renaîtra-t-il avec le renfort des 2000 prisonniers palestiniens libérés par Israël (dont 200 terroristes condamnés à perpétuité) ? Trump et ses experts militaires sont persuadés que les moyens de nuisance du Hamas sont désormais dérisoires. Nous le verrons dans les jours qui viennent.
Quant à la perspective d’un État palestinien, elle impose un travail de fond : nettoyer la Cis-Jordanie de ses éléments radicaux et éviter que le Hamas n’y entre par la fenêtre, une fois chassé de Gaza.
N’oublions jamais que ce sont les Israéliens, et pas nous, qui décideront de la concrétisation ou non d’un État palestinien. L’hostilité de la Belgique et d’une partie de l’Europe vis-à-vis de l’État hébreu ne fait pas de nous des parties prenantes à la négociation. Les Israéliens n’écouteront aucunement les politiques qui les accusent de “génocide”, “d’historicide”, de “médiacide”, de “famine organisée” et de “purification ethnique”. Autant savoir.
Nicolas de Pape
(Photo Saul Loeb / AFP : un grand « Thank you » aux couleurs américaines est déployé sur la plage de Tel Aviv, à l’arrivée de l’avion présidentiel Air Force One, 13 octobre 2025)