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Laurent Henquet sur la réforme Glatigny : « Chaque euro doit servir l’apprentissage »

par H. DB

Pendant plus de vingt ans, Laurent Henquet a enseigné dans le secondaire avant de diriger, durant vingt-deux ans, une grande école générale à Namur (environ 2.000 élèves). Élu ensuite au Parlement wallon sous l’étiquette MR, il a suivi de près la genèse et la mise en œuvre du Pacte d’excellence. À l’heure où la « réforme Glatigny » cherche à corriger des effets jugés délétères de l’allongement du tronc commun, il plaide pour moins d’inflation décrétale, pour une gestion plus rigoureuse des moyens. Entretien sans fard.

21News : Vous avez été professeur puis directeur avant d’être parlementaire. Quel regard de “terrain” portez-vous sur la réforme actuelle ?

Laurent Henquet : Quand on est professeur, on vit la classe, on prépare, on corrige, on se concentre sur le contenu et la relation pédagogique. Les décrets votés « là-haut » ne sont pas au centre de notre journée. Directeur, c’est autre chose : faire tourner la maison, recruter, motiver les professeurs, écouter les parents… et absorber un flux régulier de décrets. Mais on gère son établissement. Ce n’est qu’au Parlement, quand on passe d’un budget d’établissement en millions à des milliards pour l’ensemble de la Communauté française, qu’on prend la hauteur nécessaire. Là, on voit l’addition des mesures et l’effet cumulatif des choix. La vision de l’un n’est celle de l’autre. Une même réalité peut donc être appréhendée de différentes façons.

21News : La ministre Glatigny agit dans un contexte budgétaire contraint. Est-ce audible depuis les écoles ?

L.H. : Oui et non. On ne peut pas magiquement augmenter les recettes et les marges sont limitées. La Communauté française est très endettée ; son budget annuel est de l’ordre de +/- 13 milliards d’euros et ses dépenses de +/- 15 milliards.  Cela ne peut plus fonctionner, on ne peut plus continuer à dépenser comme pendant le Covid. Donc il faut agir sur les dépenses et mieux les cibler. Mais c’est précisément là que commencent les désaccords : Où met-on les priorités et quelles dépenses restreindre ?

Les écoles, bien logiquement, comprennent peu quand on touche à leurs subsides et à leur fonctionnement. À la CF, puisqu’on doit garder un budget soutenable (ce qui n’est plus le cas depuis longtemps), il faut prendre des mesures de restrictions. C’est compliqué.  Il y a un antagonisme de volonté et de raisonnement entre le pouvoir subsidiant et le pouvoir subsidié.

21News : Une des mesures les plus commentées est l’harmonisation des prestations : deux heures de plus pour les profs du supérieur du secondaire. Est-ce pertinent ?

L.H. : Je comprends l’intention d’harmoniser. Historiquement, un licencié (aujourd’hui master) au supérieur du secondaire donnait 20 heures, un régent 22, un instituteur primaire 24, un instituteur maternel 26 périodes. On trouvait normal que certaines disciplines très gourmandes en corrections — pensez au français et à ses dissertations — aient une charge de classe un peu allégée. J’ai enseigné le latin et je peux vous dire que la correction et la préparation ne représentent pas la même quantité de travail entre la 1° et la 6°.

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