Les propos du chancelier allemand sur le « problème du paysage urbain » lié à l’immigration ont suscité un tollé politique, mais trouvent aussi un écho majoritaire dans la population.
C’est une phrase, d’abord presque anodine, qui a ravivé l’un des sujets les plus inflammables de la vie publique allemande.
Le 8 octobre, lors d’une conférence de presse à Berlin, Friedrich Merz s’est félicité de la baisse de 60 % des nouvelles demandes d’asile entre août 2024 et août 2025, avant d’ajouter que « « bien sûr, ce problème persiste dans le paysage urbain »,
propos qui ont immédiatement déclenché une avalanche de réactions.
Invité quelques jours plus tard à préciser sa pensée, le chancelier a répondu à un journaliste de Die Welt : « Demandez à vos filles ce que j’ai voulu dire. »
Et d’ajouter qu’il s’agissait d’un « problème, au plus tard à la tombée de la nuit », évoquant la sécurité dans l’espace public.
Une phrase qui embrase le pays
Dans un pays où près d’un tiers des habitants ont des origines étrangères, l’expression a fait l’effet d’une étincelle.
Des associations, des syndicats et plusieurs formations de gauche ont dénoncé un amalgame entre immigration, couleur de peau et criminalité. Une pétition intitulée Wir sind die Töchter (“Nous sommes les filles”) a recueilli plus de 120 000 signatures en vingt-quatre heures, accusant Merz d’exploiter la peur des femmes pour nourrir un discours identitaire.
Des rassemblements ont eu lieu à Berlin, Cologne et Kiel. Les organisateurs reprochent au chancelier de déplacer le débat de la protection des femmes vers celui de l’immigration.
Merz nuance, sans se rétracter
Face à la polémique, le chancelier a précisé sa pensée lors d’un déplacement à Londres, en marge du sommet sur les Balkans occidentaux. « Le problème concerne les migrants sans statut de séjour durable, sans emploi et ne respectant pas les règles allemandes »,
a-t-il déclaré à la chaîne Tagesschau.
Ces personnes, a-t-il poursuivi, « déterminent partiellement l’image publique de certaines villes », notamment dans les gares, les stations de métro ou les parcs, où la police rencontre des difficultés croissantes. Mais Merz a pris soin de rappeler l’autre versant, que « l’Allemagne aura toujours besoin d’immigration, que les personnes issues de l’immigration sont un élément indispensable de notre marché du travail, quelles que soient leur origine ou leur couleur de peau », a-t-il insisté, cherchant l’équilibre entre fermeté et reconnaissance.
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