Un juge d’instruction du tribunal d’Anvers tire la sonnette d’alarme : la Belgique glisserait vers un narco-État, où la criminalité organisée sape les institutions. Dans une lettre ouverte adressée lundi aux membres de la commission Justice, et relayée par Belga, il appelle à un “masterplan” pour protéger la magistrature.
“Ce qui se déroule aujourd’hui n’est plus une problématique criminelle classique. Des structures mafieuses deviennent un pouvoir parallèle qui défie police et justice”, avertit-il. Lui-même a dû vivre quatre mois dans un safehouse sous protection policière, comme d’autres magistrats, visés avec leurs familles. “Aucune aide, aucune compensation. ‘It just comes with the job’, semble dire mon gouvernement.”
Selon lui, plusieurs éléments caractéristiques d’un État narco – économie illégale, corruption, violence – sont désormais réunis. Il constate également une intimidation croissante de la justice : juges difficiles à recruter pour les dossiers sensibles, demandes de récusation instrumentalisées, collègues qui refusent certains dossiers par crainte de représailles.
Le juge réclame des mesures urgentes : possibilité de travailler anonymement, point de contact permanent au sein de l’Intérieur et de la Justice pour les magistrats menacés, assurance pour les dommages physiques ou matériels en cas d’attaque, et protection des adresses dans les bases de données publiques.
Dernier signal d’alarme : l’usage massif de téléphones portables en prison. “Presque tous les détenus y ont accès et l’on découvre à chaque saisie de nouveaux délits en cours.” Malgré les efforts des forces de l’ordre, “nous ne parvenons plus à protéger les citoyens, ni nous-mêmes”, conclut-il, demandant que cette lutte devienne une priorité “durable et systémique”.
La Rédaction
(Photo : Belgaimage)