La famine gagne du terrain au Soudan. Selon le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), mandaté par l’ONU, deux nouvelles régions basculent officiellement en état de famine, dont la ville d’El-Fasher, capitale du Darfour Nord, tombée la semaine dernière aux mains des Forces de soutien rapide (FSR). La situation est tout aussi critique à Kadugli, dans le Kordofan-Sud, où la famine est désormais confirmée. Au total, vingt autres zones du Darfour et du Kordofan sont considérées comme « au bord de la famine ».
Médecins Sans Frontières (MSF), présente sur le terrain, va plus loin et décrit une catastrophe humanitaire doublée d’atrocités de masse. L’organisation affirme que des massacres indiscriminés et ciblés ont été commis à El Fasher et dans les localités environnantes, empêchant les civils de fuir vers des zones plus sûres, dont Tawila, à 60 km.
« Où sont tous ceux qui manquent ? Ceux qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El Fasher ? », interroge Michel Olivier Lacharité, responsable des opérations d’urgence chez MSF.
« Tout indique qu’ils sont tués, retenus ou pourchassés lorsqu’ils tentent de fuir. »
Un exode minime, des récits glaçants
Alors que la ville comptait encore 260.000 habitants fin août, seules 5.000 personnes environ ont réussi à rejoindre Tawila depuis la prise d’El Fasher par les FSR le 26 octobre, selon les acteurs humanitaires. Les rescapés, majoritairement femmes, enfants et personnes âgées, arrivent dans des états de malnutrition extrême. Parmi les 70 enfants de moins de cinq ans examinés le 27 octobre, 57 % souffraient de malnutrition aiguë sévère. Le lendemain, 20 % des hommes arrivés d’El Fasher présentaient le même diagnostic.
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