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États-Unis : le Sénat amorce la fin de la plus longue période de « shutdown » que le pays ait jamais connu

par Maxence Dozin

Des employés de la TSA, l’agence américaine responsable de la sécurité des transports, photographiés dans le Barclays Center de Brooklyn se voient distribuer des colis alimentaires (Photo Timothy A. Clary / AFP)

Après quarante jours de blocage, le Sénat américain a franchi dimanche soir une étape majeure vers la fin du plus long « shutdown » de l’histoire du pays. Huit sénateurs démocrates ont décidé de rompre les rangs pour voter avec les républicains en faveur d’un texte budgétaire temporaire, permettant la réouverture progressive des administrations fédérales.

Adoptée par 60 voix contre 40, la mesure prévoit de financer la majorité des agences fédérales jusqu’en janvier. Elle inclut notamment la réintégration des fonctionnaires licenciés durant le « shutdown » et le versement de leurs arriérés de salaire. Le chef de la majorité républicaine, John Thune, s’est également engagé à organiser en décembre un vote sur la prolongation, pour un an, des crédits d’impôt liés à l’assurance santé – une promesse jugée insuffisante par de nombreux démocrates, qui réclamaient une extension pérenne des subventions.

Ce compromis a ravivé les tensions au sein du camp démocrate. Plusieurs élus ont dénoncé un recul sur la principale revendication du parti : la reconduction des subventions santé, dont la disparition ferait bondir les primes pour des millions d’Américains. « Cette crise sanitaire est trop grave pour accepter un texte qui l’ignore », a averti Chuck Schumer, leader des sénateurs démocrates. Hakeem Jeffries, chef de la minorité à la Chambre, a également rejeté l’accord, accusant Donald Trump et les républicains d’avoir « créé ce désastre ».

Parmi les démocrates ayant soutenu le texte figure Tim Kaine, sénateur de Virginie, qui a obtenu la garantie de réintégrer les agents fédéraux licenciés sur décision présidentielle durant le « shutdown » : « cette loi protège nos travailleurs fédéraux contre des licenciements arbitraires », a-t-il déclaré. Mais son collègue Mark Warner, également de Virginie, s’est abstenu, refusant un compromis « qui laisse des millions d’Américains dans l’incertitude sur leur couverture santé ».

Le deal signé cette nuit consiste notamment à maintenir ouvert le portefeuille fédéral jusque fin janvier prochain, maintenir le financement des aides alimentaires à 40 millions d’Américains dans le besoin, et à réintégrer les employés fédéraux licenciés durant le « shutdown ». Il maintient les budgets d’agences que la Maison Blanche souhaitait réduire et consacre 1,2 milliard de dollars au programme « Food for Peace », que Donald Trump voulait supprimer. Ce programme consiste à envoyer à des pays nécessiteux des surplus de récoltes agricoles américaines. Il prévoit aussi la protection de l’Agence de responsabilité gouvernementale, dont le financement reste stable malgré les tentatives de restriction par les républicains à la Chambre.

Si le texte est adopté à la Chambre puis signé par le président, il mettra fin à quatre semaines de paralysie, pendant lesquelles des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis en congé forcé, des millions d’Américains ont vu leurs aides alimentaires menacées et les transports aériens ont été perturbés. Sous la pression du pays paralysé, une partie des démocrates a choisi de privilégier la reprise du fonctionnement de l’État à la poursuite du bras de fer politique.

En ce qui concerne les démocrates ayant brisé les rangs de leur parti, leur positionnement illustre la difficulté de concilier principes de parti et urgence sociale, au moment où la paralysie de l’État affecte directement la vie quotidienne de millions d’Américains.

La rédaction, édité par Maxence Dozin

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