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Les « Nicolas » en ont marre de payer pour les « Jacqueline » (Édito)

par Nicolas de Pape

Il travaille, il paie, il serre les dents. Chaque fin de mois, il regarde sa fiche de paie avec le même soupir : impôts, cotisations, TVA, accises… Tout le monde tape dans la poche de « Nicolas », ce Belge moyen qui n’a plus rien de moyen sinon la lassitude. Le mouvement « C’est Nicolas qui paie » représente bien ce qui se passe en Belgique et dans pas mal de pays européens, à savoir le coût important de la fraude sociale qui dure depuis des années et qui grève massivement les comptes de l’État.

Et pendant que Nicolas se saigne, Jacqueline – la nouvelle héroïne du reportage-choc de Christophe Deborsu sur RTL et symptomatique car ce type de reportage aurait été refusé il y a encore quelques temps – incarne un tout autre monde. Celui des abus, des combines, des allocations détournées, des “profiteurs du système” qui savent mieux que quiconque où se trouvent les failles d’un État trop généreux avec les uns, trop dur avec les autres. “Laetitia, Sylvie ou encore Jacqueline”, raconte Deborsu : trois prénoms devenus symboles d’un mal profond.

Car pendant qu’on traque les indépendants et ceux qui créent de la richesse, la fraude sociale prospère dans un silence coupable. L’État belge s’enfonce dans un déficit abyssal – près de 30 milliards d’euros, un record – et continue pourtant à fermer les yeux sur des milliers de fausses déclarations, de pensions abusives, de domiciles fictifs et de montages sociaux illégitimes.

On pleure à chaque évocation du mot “contrôle”. On brandit la peur de la “chasse aux pauvres”. Mais il n’est plus question ici de stigmatiser la misère : il s’agit de rétablir la justice. Celle qui dit qu’on ne peut pas éternellement faire payer ceux qui travaillent pour entretenir ceux qui trichent.

Nicolas contre Jacqueline : le vrai clivage de 2025

La Belgique aime se raconter des histoires : Wallons contre Flamands, riches contre pauvres, libéraux contre socialistes. Mais le vrai clivage, aujourd’hui, est entre ceux qui financent le système et ceux qui en profitent sans contribuer. Nicolas n’est pas un “nanti”, c’est un pilier de la société et quand il regarde sa feuille de paie et le différentiel brut/net, il est ébahi. Sans lui, plus d’écoles, plus d’hôpitaux, plus de routes. Et pourtant, c’est lui qu’on presse toujours un peu plus, pendant que d’autres multiplient les combines et les certificats bidons.

Il est temps de dire les choses : bien sûr, les vrais malades et les vrais chômeurs doivent être protégés. Mais la fraude sociale coûte des milliards. Et chaque euro volé par Jacqueline est un euro que Nicolas doit payer.

Une priorité nationale

Dans une Belgique en crise budgétaire, où il est question de réformer l’État, de serrer la vis fiscale et de geler les salaires, la lutte contre la fraude sociale doit devenir une priorité nationale. Pas par vengeance, mais par équité. Parce qu’un État qui ne protège plus ceux qui jouent le jeu, qui laisse prospérer la triche au nom de la “solidarité”, finit par tuer l’idée même de solidarité.

Nicolas n’en peut plus. Il ne veut pas la guerre des classes, il veut la justice des efforts. Celle qui distingue le citoyen honnête du fraudeur impuni.

Et à l’Arizona de remettre un peu d’ordre. Si elle passe l’hiver…

Nicolas de Pape

(Photo : Belgaimage)

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