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Cryptomonnaies : les enquêteurs belges laissent échapper des dizaines de millions d’euros

par Rédaction
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Une enquête révèle que les services belges manquent encore cruellement d’expertise pour traiter les dossiers liés aux cryptomonnaies. Le résultat est que des dizaines de millions d’euros d’origine criminelle échappent chaque année à la justice, malgré un niveau de saisies jamais atteint.

La justice belge détient aujourd’hui 23,5 millions d’euros de cryptomonnaies saisies, selon l’Organe central pour la saisie et la confiscation (OCSC). C’est un record. Mais une enquête menée par De Tijd et Knack montre qu’une part bien plus importante des cryptoactifs criminels passe encore sous les radars.

Un manque de spécialistes qui coûte très cher

Les polices locales et fédérales ne comptent qu’environ 165 enquêteurs capables de traiter des dossiers liés aux cryptos. Il n’existe aucune formation certifiée permettant d’identifier des spécialistes. Cette lacune structurelle provoque des pertes spectaculaires.

Dans un dossier, un enquêteur avait bien saisi une clé USB contenant l’accès à un portefeuille crypto… avant de la laisser sous scellés pendant six mois. Trois jours après la perquisition, les criminels avaient déjà vidé le compte.
« La police doit savoir ce qu’elle cherche », insiste Walter Quirynen, directeur ad interim de l’OCSC.

Dans un autre cas, un suspect a blanchi plus de 56 millions d’euros en moins d’un an via son wallet avant que la justice ne comprenne son rôle. Ailleurs, un cybercriminel a simplement refusé de fournir ses mots de passe, laissant plus de 61 millions d’euros hors d’atteinte.

Des plateformes qui ferment la porte aux enquêteurs

Les autorités butent aussi sur un manque de coopération. Une enquête internationale menée avec l’ICIJ révèle que Binance, première plateforme mondiale, ne répond plus aux demandes de la police et de la justice belges depuis le printemps. D’autres plateformes opposent elles aussi des refus lorsqu’il s’agit d’identifier un utilisateur ou de bloquer des fonds.

Face à ces obstacles, les organisations criminelles varient leurs méthodes : cabinets d’avocats étrangers jouant les « banquiers de l’ombre », petites plateformes hors normes anti-blanchiment, services belges convertissant des cryptos en cash contre 10 à 20 % de commission. Dans un cas exceptionnel, des dizaines de milliers d’euros ont été échangés dans les toilettes d’une station-service avant versement sur un portefeuille numérique.

Des cryptos désormais présentes dans tous les types de criminalité

Si les cryptomonnaies ne représentent encore que 1,3 % des flux suspects signalés à la justice, elles sont devenues transversales.
Selon les informations recueillies, elles apparaissent dans l’escroquerie, la prostitution forcée — où une victime roumaine portait un QR code tatoué pour encaisser les paiements —, le trafic d’armes, les violences liées à la drogue ou encore le terrorisme. La Sûreté de l’État confirme que des opérations d’espionnage menées par la Russie ou la Chine en Belgique ont déjà été rémunérées en cryptoactifs.

La Rédaction

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