L’ancien maire et ministre Jean-Louis Borloo
En pointant « le petit Élias, la petite Philippine, le petit Mehdi », Jean-Louis Borloo n’a pas seulement réagi à la phrase du général Fabien Mandon sur la nécessité « d’accepter de perdre nos enfants », il a déplacé le centre de gravité du débat de la perspective d’un conflit majeur avec la Russie vers les failles bien réelles et quotidiennes de la sécurité et de la cohésion nationale sur le territoire français.
Invité d’LCI, l’ancien ministre et ancien maire de Valenciennes reprend la formule du chef d’état-major pour la retourner : « malheureusement, des enfants on en perd déjà, le petit Élias, la petite Philippine, le petit Mehdi. » Trois prénoms, trois affaires criminelles très médiatisées, qui concentrent à ses yeux un malaise intérieur bien plus immédiat que l’hypothèse d’un affrontement conventionnel avec la Russie.
De la guerre future aux failles présentes
En citant nommément Élias, 14 ans, tué à la machette pour un téléphone à Paris ; Philippine, 19 ans, violée et assassinée dans le bois de Boulogne par un multirécidiviste visé par une OQTF ; et Mehdi, 20 ans, abattu à Marseille, Borloo envoie un double message. D’abord il rappelle que la mort violente de jeunes Français n’est pas un scénario théorique mais une réalité statistique, Ensuite il suggère que la question du « sacrifice » ne peut être posée qu’à un pays qui se tient déjà lui-même debout.
« Le problème, c’est d’abord de faire nation », insiste-t-il. « On ne sacrifiera peut-être un jour des enfants que si on fait nation. On ne met en danger que pour défendre ce qu’on est. » Là où le général Mandon appelle à un sursaut moral face à une Russie perçue comme de plus en plus décomplexée dans l’usage de la force, Borloo, sans le contredire sur la fond, répond qu’il faut encore que le sentiment d’appartenance existe, que l’édifice collectif ne soit pas déjà en train de se fissurer.
Un diagnostic de délitement interne
Tout l’objet de la métaphore qu’il développe ensuite est que « nous sommes en train de ne plus être une nation », lâche-t-il, avant d’énumérer ce qu’il appelle les poutres fondamentales du pays : le logement, « catastrophe » ; la santé ; la prise en charge des anciens ; les crèches « qui ne sont pas au bon endroit » ; la sécurité ; la chaîne judiciaire et hospitalière, « dans un état dramatique ». La formule finale, brutale, est appelée à circuler autant que celle du général : « On est sur le Titanic, on continue à faire de la musique dans une espèce de fiction extravagante, mais en vérité, on est malades. »
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