Selon des éléments dévoilés par Sudinfo, l’économie sociale bruxelloise traverse une zone de turbulences inédites : près d’un porteur de projet sur quatre envisage désormais de tout arrêter, faute de visibilité politique et financière.
La Région bruxelloise compte 5.124 entreprises d’économie sociale, soit 14 % de l’emploi salarié. Leur nombre augmente depuis 2021, mais CoopCity, organisme d’accompagnement, observe une réalité bien plus sombre : neuf entreprises sociales sur dix se sentent fragilisées. Depuis dix-sept mois, les financements se raréfient et les élections régionales ont ralenti la prise de décision, au moment même où les besoins sociaux augmentent.
Un secteur qui ne parvient plus à se projeter
Le sondage mené entre octobre et novembre auprès de 83 acteurs met en évidence un malaise profond. Les témoignages recueillis par CoopCity révèlent des spirales financières dangereuses : chute des subventions, baisse des commandes, retards de recettes, trésoreries sous tension. Ces difficultés entraînent retards de paiement des salaires, surcharge mentale, burn-out, voire restructurations d’urgence. “Nous avons réduit la moitié de l’équipe”, confie l’un des répondants. D’autres expliquent ne plus pouvoir reconduire certains projets, les appels à projets étant gelés ou supprimés.
Selon CoopCity, 48 % des porteurs de projets affichent une baisse nette de motivation, tandis que 60 % estiment que le climat politique et économique favorise l’abandon. Résultat : 23 % songent à tout arrêter. Près de deux entreprises sociales sur trois anticipent une réduction d’activité ou d’effectifs.
Héloïse de Montety, porte-parole de CoopCity, souligne la chute vertigineuse du nombre d’appels à projets : six en 2023, quatre en 2024, un seul en 2025 du côté de Bruxelles Économie et Emploi. Faute de stabilité, les porteurs de projets consacrent désormais « 70 % de leur temps” à chercher des financements plutôt qu’à développer leurs services.
CoopCity appelle dès lors à un minimum de lisibilité politique afin de préserver un secteur qui répond simultanément à des besoins sociaux essentiels et à une part importante de l’emploi bruxellois.
La Rédaction
(Photo site Wallonie économie SPW)