La Fédération Wallonie-Bruxelles accélère l’intégration du numérique à l’école. Vingt établissements primaires ont été sélectionnés pour participer à un projet pilote d’expérimentation de l’intelligence artificielle (IA) dans les apprentissages de base, en 4e, 5e et 6e primaires. Objectif : tester, sur le terrain, l’usage d’outils d’IA pour soutenir la lecture, l’écriture et le calcul.
Doté d’un budget de 200.000 euros, le projet permettra aux écoles retenues de disposer de moyens financiers — jusqu’à 10.000 euros par établissement — pour acquérir des outils adaptés et l’équipement nécessaire. L’expérimentation se déroulera jusqu’au 9 octobre 2026, date à laquelle les écoles remettront un rapport détaillé destiné à évaluer l’impact réel de ces technologies sur les apprentissages.
Un cadre éthique posé dès le départ
Si l’initiative marque une avancée technologique, elle s’inscrit dans une réflexion entamée dès 2023 sur les opportunités et les risques de l’intelligence artificielle à l’école. Cette réflexion a débouché sur une charte éthique de l’IA, co-construite avec les réseaux d’enseignement, les fédérations de pouvoirs organisateurs et les acteurs de terrain.
Cette charte, accessible via la plateforme e-classe, repose sur des principes clés : transparence des outils utilisés, respect des données personnelles et prévention de la fracture numérique. Elle vise à offrir un cadre clair aux enseignants et aux élèves, quel que soit le niveau d’enseignement.
Des écoles sélectionnées sur des critères précis
L’appel à projets, lancé le 7 novembre 2025, ciblait des initiatives concrètes d’utilisation pédagogique de l’IA, notamment pour la remédiation, la consolidation ou le dépassement des acquis. Les candidatures ont été évaluées sur plusieurs critères : implication des équipes éducatives, cohérence avec la stratégie numérique, diversité des usages proposés et formation des porteurs de projet.
La sélection garantit également une représentation équilibrée des différents réseaux d’enseignement, avec au minimum un établissement retenu par Fédération de pouvoirs organisateurs.
Former les enseignants et préparer l’école de demain
Au-delà de l’expérimentation en classe, le projet s’inscrit dans une stratégie plus large de formation continue des enseignants, tant sur les usages pédagogiques de l’IA que sur ses enjeux éthiques et juridiques. Plus de 9.000 ressources pédagogiques sont déjà disponibles sur e-classe, dont un corpus spécifique consacré à l’intelligence artificielle. Des outils Pix intégrant des modules dédiés à l’IA sont également déployés.
Cette dynamique concerne aussi le secondaire, avec l’adaptation du cours de Formation technologique et numérique en 1re, 2e et 3e secondaires, afin de mieux intégrer les compétences liées à l’IA et aux transformations technologiques.
“Un levier d’apprentissage, pas un remplacement de l’humain”
Pour la ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny (MR), sur la photo, l’enjeu est clair : accompagner l’évolution du monde sans renoncer au rôle central de l’enseignant.
« L’intelligence artificielle est là, et nous ne pouvons pas nous permettre de rater ce tournant. Avec ce projet pilote, nous donnons aux écoles un cadre pour apprivoiser ces outils IA et en faire de véritables leviers d’apprentissage, au service des élèves et des enseignants. L’enjeu n’est pas de remplacer l’humain, mais de préparer notre enseignement à un monde où l’IA fait déjà partie du quotidien », conclut-elle.
Demetrio Scagliola
(D.R.)