La cour d’assises de Bruxelles a condamné vendredi, à la majorité absolue, le djihadiste belge Sammy Djedou à la réclusion à perpétuité pour génocide commis contre les Yézidis en Syrie et en Irak entre août 2014 et avril 2019. Il écope également d’une peine pour crime contre l’humanité, notamment pour le viol et l’esclavage sexuel de trois jeunes femmes yézidies entre 2014 et 2016.
Bien que déclaré mort le 4 décembre 2016 par des sources jugées fiables par la Sûreté de l’État, Djedou a été jugé par défaut, pour des raisons procédurales, morales et symboliques: en cas de réapparition, il doit pouvoir faire l’objet d’un recours, et une condamnation formelle était jugée nécessaire face à la gravité des faits.
Les juges et jurés n’ont retenu aucune circonstance atténuante. Dans leur arrêt, ils pointent « l’idéologie mortifère » de l’État islamique, construite sur la persécution religieuse, et rappellent que le génocide yézidi constitue une attaque « généralisée et systématique » contre l’humanité tout entière.
Le dossier décrit un crime d’une violence extrême. Djedou a traité les jeunes femmes « comme des objets » sur lesquels il exerçait « un droit de propriété absolu ». Âgées de 16, 17 et 18 ans, elles ont été détenues, violées et réduites en esclavage dans son appartement du centre de Raqqa, où il vivait avec son épouse syrienne et leurs deux enfants. Deux d’entre elles sont restées captives pendant deux ans. La troisième a été détenue plusieurs mois avant d’être vendue à un autre combattant de Daesh.
Avec ce verdict, la Belgique devient le quatrième pays à reconnaître judiciairement le génocide des Yézidis. Dès l’offensive du Mont-Sinjar en août 2014, l’organisation terroriste avait institutionnalisé l’esclavage sexuel comme instrument d’extermination de cette minorité en Irak et en Syrie.
La rédaction
(©PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MATTHIEU BOTTE)
