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Boualem Sansal élu à l’Académie royale de Belgique : un acte littéraire et politique

par Rédaction
Photo by Joël SAGET / AFP

L’écrivain franco-algérien, détenu à Alger pour “atteinte à l’unité nationale”, rejoint la prestigieuse institution littéraire belge. Un geste d’amitié et de résistance face à l’intolérance.

Un symbole de liberté

L’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique a élu Boualem Sansal, 80 ans, au fauteuil 37, succédant à Michel del Castillo, ancien prisonnier du franquisme. L’auteur de 2084 et du Village de l’Allemand croupit depuis novembre 2024 dans une geôle algérienne, condamné à cinq ans de détention pour avoir tenu, dans un média français classé à droite, des propos jugés « offensants » pour le régime d’Alger. Atteint d’un cancer de la prostate, il est devenu, malgré lui, un symbole du prix à payer pour la liberté d’expression dans le monde arabe.

Une Académie fidèle à ses principes

Cette élection, décidée le 11 octobre, résonne comme un acte de courage intellectuel. “C’est un acte de résistance, d’amitié et de dignité”, confie Yves Namur au Soir, le secrétaire perpétuel de l’institution. “Jean-Christophe Rufin avait proposé Sansal à l’Académie française, en vain. Nous avons tenu promesse.” L’Académie, qui compte quarante membres dont dix étrangers – parmi lesquels siégèrent Colette, Yourcenar ou Julien Green – accueille donc un écrivain qui incarne ce lien indéfectible entre la langue française et la liberté de penser.

Un écrivain dérangeant, lucide et nécessaire

Déjà couronné en 2007 du prix Nessim Habif, Boualem Sansal avait été salué par Pierre Mertens pour sa lucidité impitoyable : “La bureaucratie, la corruption, la résignation, une religion dévoyée n’étaient jamais apparues avec autant de vérité” rapporte encore le journal Le Soir. Son œuvre, mêlant colère et humour, cruauté et espoir, interroge la faillite morale des régimes autoritaires.

Une reconnaissance qui dépasse la littérature

L’élection de Sansal n’est pas seulement un hommage : c’est une manière, pour la Belgique, de rappeler qu’aucune prison ne saurait réduire au silence un écrivain libre. Le fauteuil 37, jadis occupé par Mircea Eliade et Georges Duby, portera désormais la voix d’un homme que la parole n’a jamais trahi.

La Rédaction

(Photo by Joël SAGET / AFP)

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