La réforme sur l’exclusion des chômeurs de longue durée constitue sans doute, pour la majorité Arizona, l’une des réformes les plus emblématiques et les plus délicates de la législature. Mais cette réforme d’envergure, portée par une majorité qui ambitionne de moderniser et de rationaliser les finances publiques, ne doit pas se transformer en une campagne électorale permanente. Et, surtout, ne pas dériver sur des zones marécageuses, clivantes et identitaires, ce qui risquerait de renforcer l’opposition à la réforme.
Car l’enjeu est de taille : limiter la durée des indemnités de chômage à 24 mois maximum pour accélérer le retour à l’emploi, responsabiliser les demandeurs d’emploi et donner un peu d’air au budget fédéral. Ce débat, qui devrait rester centré sur les solutions concrètes et l’avenir du modèle social belge, a pourtant glissé cette semaine dans une polémique stérile. C’est une controverse sur les chiffres et les origines des exclus du chômage qui a agité le pays : la confusion entre « origine étrangère » et « étrangers », amplifiée par un média d’envergure et des responsables politiques, a jeté de l’huile sur le feu.
« Assimiler les personnes d’origine étrangère à des non-Belges, c’est nier plusieurs générations ancrées dans notre pays. »
Ce média a relayé des données selon lesquelles 57% des futurs exclus du chômage seraient d’origine étrangère, laissant croire à une surreprésentation de personnes étrangères parmi les demandeurs d’emploi concernés. Or, en réalité, à peine 19% des exclus seront de nationalité étrangère. Le reste concerne des Belges ayant des parents nés à l’étranger ou ayant acquis récemment la nationalité belge. Cette différence est loin d’être anodine. Assimiler les personnes d’origine étrangère à des non-Belges revient à méconnaître la réalité sociale du pays et à invisibiliser plusieurs générations ancrées sur le territoire belge. Sur les réseaux sociaux, certains ont même tourné en dérision cette lecture, affirmant que selon ces critères de nombreux belges célèbres, dont Georges-Louis Bouchez, l’ex Premier Elio Di Rupo ou même le roi Philippe (qui auraient tous une mère italienne) devraient être considérés comme étrangers…
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