La démission surprise, ce jeudi matin, de Laurent Hublet de son poste d’administrateur au Conseil d’administration de la RTBF suscite un véritable séisme politique et médiatique. Si l’intéressé invoque des « raisons professionnelles et familiales », la presse et plusieurs acteurs internes évoquent des soupçons de conflit d’intérêts. Selon Forbes Belgique, l’affaire secoue le sommet de l’audiovisuel public et pourrait mettre en cause la légitimité d’un important marché public.
Selon l’enquête de Forbes, M. Hublet, nommé administrateur de la RTBF en décembre 2024, travaille parallèlement au sein du cabinet Roland Berger, candidat au marché de l’élaboration du plan stratégique 2030 de la RTBF. Le cabinet aurait proposé une offre très basse (480 000 € HTVA), nettement inférieure à celle de ses concurrents — Deloitte (700 644 €) et Arthur D. Little (883 400 €) — ce qui alimente les interrogations sur l’impartialité de la procédure.
D’après Forbes, cette double fonction — à la RTBF et au sein d’un cabinet sollicité pour un marché — pourrait enfreindre le décret qui interdit la conjonction de mandat d’administrateur et de consultant externe pour l’entreprise. En interne, plusieurs administrateurs critiquent la présidente du conseil, Joëlle Milquet (Les Engagés), pour son pilotage qualifié de « laborieux » dans cette crise, notamment dans la transmission tardive de documents ou avis juridiques. Pour Milquet, le choix d’annuler le marché ou de le relancer est jugée risquée, car elle ouvrirait la porte à des recours et à des retards prolongés.
La version de Joëlle Milquet : « les accusations sont infondées »
En réaction aux accusations relayées dans la presse, Joëlle Milquet a répondu que les reproches de conflit d’intérêts sont infondés. Selon La Libre, Mme Milquet rejette les allégations portées contre M. Hublet et défend la légitimité de la procédure. Elle affirme que rien ne permet pour l’heure de confirmer les soupçons, et conteste l’idée que Hublet ait été poussé vers la sortie pour couvrir un scandale.
Enjeux majeurs pour la RTBF
Cette affaire, à l’heure où le Comité permanent exceptionnel doit statuer sur l’attribution du marché du plan stratégique à horizon 2030, pose des questions fondamentales sur la gouvernance de la RTBF, l’impartialité des marchés publics et le respect des réglementations internes. La crise fragilise fortement la crédibilité du conseil d’administration et met en lumière les tensions entre logique politique et exigence de transparence dans le secteur public.
Reste à voir si l’enquête interne sera approfondie, si des recours seront introduits, et comment la RTBF pourra restaurer la confiance de ses parties prenantes dans les jours qui viennent.
La rédaction
(BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE)