L’université historique, située dans le Massachussetts, ne pourra plus accueillir d’étudiants étrangers avec effet immédiat. Dans le même temps, un juge fédéral a procuré un répit à certains étudiants internationaux, faisant peser un doute sur la possibilité du caractère exécutoire des mesures désirées par le président américain.
L’administration Trump a en effet révoqué jeudi sa certification SEVIS, indispensable pour permettre aux étudiants internationaux de venir étudier aux États-Unis avec des visas F ou J. Accusée par la droite conservatrice de diffuser des idéologies marxistes et antinomique avec l’ « esprit américain », Harvard est dans le collimateur de Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche. L’université, qui accueille près de 6700 étudiants étrangers (soit 27% des effectifs), voit dans cette mesure une forme de rétorsion politique. Elle dénonce une action « illégale, portée par des motifs idéologiques », et promet de contester la décision devant les tribunaux.
Le gouvernement exige en outre que l’établissement transmette, dans les 72 heures, des informations sur d’éventuelles activités « illégales » de ses étudiants étrangers sur les cinq dernières années.
Une université jugée en « dérive idéologique »
Cette décision s’inscrit dans une offensive plus large contre les universités prestigieuses, accusées par les Républicains d’avoir laissé prospérer l’antisémitisme, notamment durant les manifestations contre la guerre en cours à Gaza. Dans son courrier, Kristi Noem, secrétaire à la sécurité intérieure, reproche à l’institution universitaire son refus de coopérer, son climat jugé « hostile aux étudiants juifs », ses sympathies « pro-Hamas », et ses politiques de diversité considérées comme « racistes ».
Harvard, de son côté, affirme que ces mesures vont à l’encontre des principes de liberté académique et d’ouverture internationale. L’université avait déjà saisi la justice pour contester une précédente décision du gouvernement, qui avait supprimé plus de deux milliards de dollars de subventions, menaçant notamment des programmes de recherche.
Un jugement qui pourrait limiter les effets de la décision
On apprend par ailleurs ce jeudi en soirée qu’un juge fédéral de Californie a suspendu une mesure de l’administration Trump visant à arrêter et expulser massivement des étudiants internationaux. Il interdit temporairement au gouvernement de révoquer leurs visas ou de procéder à des arrestations pendant la procédure judiciaire en cours. Le juge, nommé par George W. Bush, dit « Bush fils », estime que les autorités ont agi de manière « arbitraire et capricieuse », outrepassant probablement leurs prérogatives. Il évoque un « chaos généralisé » et souligne que cette décision offrira une certaine « stabilité » et une certaine « certitude » aux étudiants, leur permettant de poursuivre leurs études ou de garder leur emploi. Le juge dénonce également les tentatives du gouvernement de rendre ces révocations irrévocables par la justice. Cette décision pourrait donc limiter les effets de la décision de l’administration Trump d’interdire à Harvard d’accueillir des étudiants étrangers.
Maxence Dozin
(Photo Joseph Prezioso / AFP)