C’est un fait inédit depuis deux décennies : depuis le 5 juillet, la France emprunte à des taux légèrement supérieurs à ceux de l’Italie sur les obligations à 5 ans. Ce croisement symbolique des courbes alimente un plaidoyer du ministre de l’économie pour un redressement urgent des finances publiques.
Vendredi, le taux des obligations françaises à 5 ans s’élevait à 2,67 %, contre 2,65 % pour les titres italiens. Bien que l’écart soit minime, il marque un tournant : la dette française est momentanément jugée plus risquée que celle de l’Italie. Toutefois, les économistes tempèrent : à 10 ans, l’indicateur de référence, la France reste encore mieux notée (3,28 % contre 3,44 % pour l’Italie). Mais la tendance est là : la France emprunte désormais plus cher que l’Espagne, le Portugal, voire autant que la Grèce.
Ce paradoxe s’explique moins par une dégradation soudaine de la situation française que par l’amélioration notable des pays dits du « Club Med ». L’Italie, en particulier, a réduit son déficit (de 7 % à 3,4 % du PIB), bénéficie des fonds européens post-Covid et affiche un excédent primaire — seul cas parmi les membres du G7. Sa situation politique s’est également stabilisée.
À l’inverse, la France a vu sa dette publique augmenter, alors que la Grèce et l’Italie la réduisent. Son déficit structurel reste élevé, et sa stabilité politique s’est fragilisée depuis la dissolution de l’Assemblée.
Maxence Dozin
(Photo Belgaimage)