L’histoire est vraie ; Michel Fournier, maire des Voivres (un petit village dans les Vosges de 300 habitants) depuis 36 ans et président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF, qui regroupe près de 13 500 communes) a appris devant sa télévision, dimanche soir, qu’il avait été nommé ministre délégué chargé de la ruralité au gouvernement Lecornu II.
L’homme, visiblement lui-même ébaubi par cette nouvelle, interrogé chez lui par BFM-TV, affirme non sans un humour de circonstance qu’il avait seulement discuté deux jours avant cette proclamation télévisée de cette putative fonction qu’il exercerait avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, mais sans avoir convenu officiellement de rien. Un simple « bah voilà » conclut son récit au journaliste qui, l’écoutant, attendait son premier commentaire.
Il devient maintenant de plus en plus difficile de temporiser la pluie d’accusations d’errance ou d’amateurisme du gouvernement français (proférées tant à gauche qu’à droite) avec cette nouvelle péripétie, qu’on pourrait croire sortie d’une farce si l’intéressé ne l’avait pas lui-même confirmée au micro de BFM-TV.
Selon les informations du Figaro le nouveau ministre ne semble pas enchanté de cette promotion qui le mute, lui, l’homme de la campagne, au centre de Paris, pas plus qu’il dit n’apprécier la pompe des ministères et les formalités telles que les incessantes mentions oratoires de son titre de ministre. Il juge excessif que « 40 fois, 50 fois par jour », avec le même zèle, ses collaborateurs l’interpellent par un « Monsieur de Ministre » ; « j’ai l’impression que quelque chose m’échappe » soutient-il à la caméra de Vosges matin. Aussi, il se dit étriqué toute la journée dans des bureaux et a besoin d’air ; il « s’assied sous les arbres » près du sénat à la moindre brèche dans son dense emploi du temps. On peut dire en tout cas que cette nomination bousculera sa vie rangée de maire de village.
HdB
(Photo by Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM)