Les espoirs d’une nouvelle alliance à gauche s’éloignent un peu plus. Après que Boris Vallaud a jugé « inconcevable » toute réédition de l’accord Nupes en cas de dissolution, une polémique oppose désormais socialistes et insoumis autour de François Kalfon. L’eurodéputé PS a déclenché un tollé en parlant, sur LCI, d’une « gauche Gaza », expression visant selon lui une frange « totalement radicalisée » de la gauche.
« À force de jouer la crise, on finit par arriver à la crise », a-t-il déclaré, redoutant une bipolarisation du pays entre extrême droite et extrême gauche. Mais son parallèle, relayé massivement sur « X », a suscité une pluie de réactions indignées. « Le vrai visage du PS », a écrit un militant insoumis, tandis qu’un autre dénonçait « un racisme hérité de l’histoire coloniale ».
Caron en éternel gardien de la moralité
Face à la controverse, Kalfon a assuré que son expression avait été « mal perçue », tout en disant « comprendre l’émotion légitime » provoquée. Il a rappelé être « totalement engagé pour l’arrêt des massacres à Gaza et la libération des otages comme toute la gauche ». Mais les explications n’ont pas suffi à calmer les esprits. « Vous avez comparé une partie de la gauche au RN, et montré que vous n’en avez rien à faire du génocide en cours », lui a rétorqué Aymeric Caron, toujours prompt, comme à son habitude, à pointer du doigt les « méchants » dans la pièce.
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la position de LFI sur le conflit israélo-palestinien empoisonne ses relations avec le PS. Les insoumis ont fait du soutien à Gaza un axe majeur de leur discours, au prix d’accusations de complaisance envers l’antisémitisme. Dès 2023, Olivier Faure avait jugé « inacceptable » le refus de LFI de qualifier le Hamas de mouvement terroriste. Deux ans plus tard, le sujet continue de fracturer la gauche, rendant toujours plus hypothétique la perspective d’un front commun.
Maxence Dozin
(Photo by Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM)
