Accueil » Gaza, après la guerre : le règne des milices et la peur du vide

Gaza, après la guerre : le règne des milices et la peur du vide

par H. DB
PHOTO / MAHMUD HAMS MAHMUD HAMS / AFP

Selon une enquête du Times de Londres, la fin des combats n’a pas mis un terme à la violence dans la bande de Gaza. Le Hamas, affaibli mais toujours dominant, réprime désormais ses propres rivaux. Entre règlements de comptes, famine et désordre, le territoire glisse dans une guerre intérieure.

La guerre s’est tue, mais la peur n’a pas disparu. Dans les ruelles de Gaza, le bruit des drones a cédé la place aux détonations plus sourdes d’une lutte intestinale. Le Hamas, maître du territoire depuis 2007, tente d’éteindre toute contestation née du vide laissé par le retrait israélien. Le Times de Londres rapporte qu’en l’espace de quelques jours, plusieurs miliciens et notables de clans rivaux ont été exécutés publiquement, accusés de trahison ou de corruption.

Le cas du journaliste Saleh al-Jafarawi, tué après avoir publié des images des nouvelles patrouilles de sécurité, symbolise cette dérive. Les forces du Hamas, en uniforme noir, se déploient de Gaza-Ville à Khan Younis pour “restaurer l’ordre”. Officiellement, elles traquent des gangs ; en réalité, elles réaffirment leur emprise.

Pour beaucoup d’habitants, la peur a simplement changé de visage. “Je n’ai jamais été en sécurité : ni sous les bombes, ni face aux hommes armés”, confie un père de famille cité par le Times. “Les gens ont changé : les forts dévorent les faibles.” D’autres, à l’inverse, voient dans cette répression une nécessité pour éviter le chaos : “Au moins, le Hamas contrôle la rue. Sans cela, ce serait la guerre civile.”

Cette tension s’alimente d’un double fléau : la désintégration de l’autorité et la pénurie alimentaire. Dans un territoire où les échanges se font désormais par troc, les prix restent vertigineux — une banane coûte parfois plus de deux euros. L’aide internationale demeure bloquée aux points de passage, Israël redoutant que les cargaisons ne profitent à la branche armée du Hamas.

Les experts interrogés par le Times évoquent un “crépuscule politique” : le Hamas refuse de se désarmer, les médiateurs arabes s’enlisent, et aucune autorité palestinienne alternative ne s’impose. Certains comparent la situation à celle du Liban, où le Hezbollah gouverne de l’ombre, mêlant structures civiles et arsenal clandestin.

Ainsi, Gaza n’a pas seulement perdu la paix ; elle a perdu l’État. Les armes circulent, les clans se vengent, les enfants ont faim. Et chacun craint que cette guerre intérieure, larvée depuis des années, ne devienne bientôt la prochaine.

HdB

(PHOTO / MAHMUD HAMS
MAHMUD HAMS / AFP
)

You may also like

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?