Un sondage de l’Ifop, réalisé auprès de plus de 1.000 musulmans de France sur quarante ans de séries historiques, met en lumière la fulgurante montée de la religiosité, le durcissement des normes de vie islamiques et la progression nette de l’adhésion aux thèses islamistes, en particulier chez les 15-24 ans. L’étude dessine les contours d’une contre-société normative qui entre de plus en plus en tension avec les principes de la République.
L’enquête, de l’Ifop pour la revue Écran de veille reconstitue les évolutions depuis les années 1980. Elle établit d’abord le fait démographique relativement que la proportion de musulmans dans la population adulte est passée de 0,5 % en 1985 à 7 % en 2025. L’islam devient ainsi la deuxième religion de France, derrière un catholicisme en net recul (43 %), mais devant le protestantisme (4 %), dans un paysage marqué par la montée des incroyants (37,5 %). Ce basculement ne se joue pas tant sur la quantité que sur la nature des croyances et des normes que porte une partie croissante des fidèles.
Une religiosité en forte hausse, portée par la jeunesse
L’un des enseignements centraux de l’étude tient au degré de religiosité déclaré. Quatre musulmans sur cinq se disent religieux, contre moins d’un croyant sur deux dans les autres confessions (48 %). Un quart des musulmans (24 %) se définissent même comme très ou extrêmement religieux, soit le double de la moyenne des autres religions. Cette intensité culmine chez les moins de 25 ans, où 87 % se déclarent religieux et 30 % très pratiquants, inversant le schéma classique où la foi s’affaiblit au fil des générations.
Cette réaffirmation se traduit dans les pratiques par la fréquentation hebdomadaire de la mosquée, qui a plus que doublé entre 1989 et 2025 ; de 16 % à 35 %. La prière quotidienne concerne désormais 62 % des musulmans, et 67 % des moins de 25 ans, contre 26 % en 1989 pour cette tranche d’âge. Le jeûne intégral du Ramadan touche 73 % des fidèles (60 % en 1989), et 83 % des 18-24 ans. La non-consommation d’alcool progresse également, de 65 % à 79 % en quarante ans.
L’Ifop parle de réaffiliation religieuse : loin de s’aligner sur le modèle de sécularisation dominant en Europe, une partie de la jeunesse musulmane choisit l’islam traditionaliste, voire rigoriste. Ce choix, en lui-même, n’implique pas la violence mais installe un pôle religieux nettement distinct du reste de la société.
Voile, mixité, « séparatisme de genre » : l’écart croissant avec les mœurs françaises
La montée de la religiosité s’accompagne d’un durcissement des normes vestimentaires et des rapports entre les sexes. Le port du voile reste minoritaire à l’échelle de l’ensemble des musulmanes (31 % le portent, 19 % de façon systématique), mais il se banalise dans la jeune génération : pratiquement une musulmane sur deux âgée de 18 à 24 ans se couvre aujourd’hui (45 %, contre 16 % en 2003).
Abonnez-vous pour lire l'article en entier.
Apportez votre soutien à la rédaction de 21News en souscrivant à notre contenu premium.
