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« Famine » à Gaza : l’ONU et Israël se renvoient la balle

par A.G.

Le bureau romain de l’ONU, IPC, a déclaré vendredi la famine à Gaza, une première au Moyen-Orient. L’organisation accuse Israël d’entraver l’aide humanitaire, provoquant une tragédie évitable. Israël dénonce de son côté un rapport “mensonger” fondé sur des données biaisées et alimenté par le Hamas.

Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), organisme onusien basé à Rome, a élevé Gaza au niveau 5, le plus grave, équivalent à une famine avérée. Selon ses données, plus d’un demi-million de Palestiniens vivent déjà dans des conditions “catastrophiques”, chiffre qui pourrait grimper à 641.000 d’ici fin septembre.

Tom Fletcher, responsable de la coordination humanitaire à Genève, a accusé Israël d’avoir provoqué la crise en restreignant l’accès à l’aide : « Cette famine aurait pu être évitée. Elle va et doit nous hanter tous. »

Les experts estiment que deux tiers de la bande de Gaza pourraient être touchés à brève échéance, notamment Gaza City, Deir el-Balah et Khan Younès. Pour l’ONU, la combinaison du blocus, des déplacements massifs et de la destruction des infrastructures a plongé le territoire dans la pire dégradation de son histoire en matière alimentaire.

Israël dénonce un rapport “fabriqué”

Israël a immédiatement rejeté ces conclusions. Le ministère des Affaires étrangères a qualifié le rapport de “document fabriqué et biaisé”, accusant l’ONU d’avoir “abaissé ses propres critères” pour aboutir à un constat alarmiste.

Le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), le général Ghassan Alian, a affirmé que les données transmises par Israël avaient été ignorées, et que le Hamas exploitait la situation à des fins de propagande. Selon lui, plus de 10.000 camions d’aide, dont 80 % de nourriture, ont franchi les points de passage depuis mai, et 100.000 depuis le début de la guerre, entraînant une amélioration de l’offre et une baisse des prix sur les marchés locaux. “La loi de l’offre et de la demande ne ment pas, l’IPC ment.”

Une bataille politique et humanitaire

L’ONU rappelle que selon ses propres critères, une famine est déclarée lorsque trois conditions sont réunies : 20 % des foyers en manque extrême de nourriture, 30 % des enfants en malnutrition aiguë et au moins deux décès quotidiens par faim pour 10.000 personnes. Elle affirme que ces seuils sont atteints.

Israël conteste et assure que ces critères ont été modifiés spécialement pour Gaza. Jérusalem souligne également que la responsabilité de la population incombe en grande partie au Hamas, accusé de piller les convois et de menacer les distributions en pleine guerre.

Guterres appelle à un cessez-le-feu

Dans ce climat d’accusations croisées, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dénoncé sur X une “catastrophe faite par l’homme”. Il a réclamé un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages encore détenus par le Hamas et un accès humanitaire “complet et sans entraves”.

Pour Israël, la famine n’existe pas et le rapport onusien n’est qu’un outil politique. Pour l’ONU, au contraire, Gaza vit déjà une tragédie historique.

A.G.

(Eyad BABA / AFP)

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